Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/79

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MAURICE, (souriant.)

Eh bien, voyons, maman, mon âge !

LIANE.

Tu es fou !… Quelle idée !… C’est faux.

MAURICE.

Et puis c’est forcé, c’est naturel et pas bien nouveau. D’ailleurs, maintenant, voici une autre période qui s’ouvre pour moi… Mais, je puis bien te l’avouer, les quelques années qui viennent de s’écouler, ç’a été quelquefois un peu dur !

LIANE, (se retournant.)

Oh ! Tu es injuste, à ton tour… Est-ce que je ne t’ai pas gâté, quand tu étais tout petit ? est-ce que…

MAURICE.

Jusqu’à huit ans, parbleu, oui !… Mais, dès cet âge-là même, je n’avais pas été long, va, à deviner l’ennemi que j’avais en moi-même, avec ma taille qui poussait trop vite… Les enfants sentent très bien ces nuances-là. Ils prennent aussi très bien l’habitude de n’en pas parler… Tiens ! La première fois que tu m’as fait couper mes cheveux longs, j’avais déjà compris, rien qu’à la façon dont tu regardais ma coiffure en brosse. Tu m’as mesuré, de la tête aux pieds, d’un seul regard, mais d’un regard !…

LIANE.

Hein ? Qu’est-ce que tu vas chercher là, maintenant ?… Si tu as éprouvé cette appréhension, enfant, tu t’es trompé, voilà tout…

MAURICE.

Oui ? Et la dernière fois où tu m’as emmené au théâtre, car ç’a été la dernière fois… j’avais