Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/72

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DON JUAN.

Mais il n’y a pas que les visages menteurs, les masques d’amour, les valets de gloire !… Dans cette église consacrée à ma mémoire aujourd’hui, j’ai besoin de croire à quelque chose… fût-ce à moi-même… Oui, de cette foule agenouillée monte un élan vers mon souvenir ! Je crois aux tendresses distribuées, aux mains tendues, aux cœurs donnés ! De ce côté, mon vieux Gomès de Pèna… Comme il pleure, cela fait peine à voir !… (Il pousse une exclamation horrifiée.) Oh ! Elvire !… Elvire… regarde-la !… Elle bâille !… Horreur !… Elle bâille !…

ALONSO.

À qui se fier !

DON JUAN.

Elvire !… L’amour des amours !… Ô ingratitude !… Ô carogne !

ALONSO.

Ne parjure pas, Don Juan, comme un écolier de Salamanque devant la première infidélité de la fruitière du coin !… Je te l’ai entendu dire : la femme n’est appréciable qu’au pluriel…

DON JUAN.

Elvire ! Elvire !

ALONSO.

Un mot de plus et tu l’aimerais encore…

(Sonnettes. Les assistants se lèvent.)
DON JUAN.

À la bonne heure !… Ceci est mieux !

ALONSO.

Quel soleil a ramené le sourire sur tes lèvres ?