Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 2, 1922.djvu/124

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en toute franchise. Qu’y a-t-il derrière cette trame cousue de fil blanc que tu me tendais ?… Pourquoi ce piège ?

GENEVIÈVE.

Je t’expliquerai… Ne va pas croire des choses que tu pourrais croire à première vue…

(Elle se tait.)
ANDRÉ.

Parle donc… Tu es toute pâle… Je ne me fâche pas, tu vois bien… Je sais qu’en te posant la question, comme je viens de le faire et dans un pareil moment, tu ne mentiras pas… Maintenant que tu es bien convaincue, je l’espère, que des manœuvres de ce genre pour raviver mon amour par la jalousie seraient d’abord absurdes et dangereuses ensuite pour toi-même… parle.

(Elle laisse tomber la tête dans ses mains.)
GENEVIÈVE, se dressant brusquement.

Ah ! pourquoi mentir plus longtemps, puisque dans une heure tu l’aurais su ?… Eh bien, oui, oui, c’est vrai, j’en ai assez… je pars, je m’en vais.

ANDRÉ.

Je ne te demande pas si tu pars ou si tu restes… ce n’est pas ça… Je te demande si tu oserais, après ce que je viens de te dire, soutenir la véracité de cette phrase : « Dieu m’est témoin que quand je me suis donnée à vous… »

GENEVIÈVE.

André !… je ne suis pas coupable !

ANDRÉ.

Mais réponds donc !… Ces faux-fuyants ne sont plus de situation !… Il faut bien que je t’interroge, puisque tu m’as mis dans cette obligation stupide… Certes, je n’ignore pas que les aberrations des femmes jalouses les poussent parfois aux pires extrémités… tout est possible dans la vie !… Mais de ta part pourtant… de ta part !…