Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/30

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(Suzanne Lechâtelier, énervée, fait à son amie quelques gestes d’impatience qui témoignent de l’envie qu’elle aurait de lui parler sans gêneur. À la fin elle n’y tient plus.)
SUZANNE.

J’ai besoin de dire un mot en particulier à mon amie. Vous permettez, monsieur ?

CLAUDE, (avec empressement.)

Mais je vais me retirer, madame.

(Il se lève très vite pour s’en aller.)
SUZANNE.

Inutile… un mot seulement… Tenez, si vous voulez regarder cet album de photographies, sur la table, vous y trouverez la photographie de Grâce à seize ans. (Elle lui passe, au fond de la pièce, d’un geste rapide, comme on a pour un inférieur ou un indifférent, le livre qui traîne sur une table près de la salle à manger. Entraînant Grâce à l’écart.) Voyons, dis-moi à moi, mon petit, que c’est un coup de tête sans conséquence et que tu vas rentrer sagement à Aix d’ici quelques jours et abandonner cette marotte. Voyons…

GRÂCE.

Mais non, je ne te dirai pas cela. Ce ne serait pas la vérité.

SUZANNE.

Tes parents te pardonneront.

GRÂCE.

Ils ont préféré le scandale au mariage… Je ne rentrerai à Aix qu’avec celui que je veux pour