Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 4, 1922.djvu/306

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POLICHE.

Mais parce que je ne suis pas beau, parce que…

ROSINE, (l’interrompant.)

En voilà des raisonnements et des subtilités !… Est-ce que les hommes ont besoin d’être beaux pour qu’on les aime, voyons ?… D’ailleurs, fasse le ciel que tous ils ne soient pas plus mal que toi ! Ce serait déjà une jolie moyenne… Ce sont des âneries tout cela, indignes de ton intelligence… Allons, allons, essuie tes yeux… et embrasse-moi donc, animal, qui n’y entends rien au cœur des femmes !

(Elle lui tend les bras.)
POLICHE.

Ah ! mon petit… mon petit…

(Il l’étreint, pleurant encore, la tête sur sa poitrine. Elle lui essuie les yeux avec son mouchoir et l’embrasse ensuite sur ses deux paupières.)
ROSINE, (se dégageant.)

Et maintenant, tes meubles ici… demain !… ta table de travail… ta garde-robe ! Et le Saint-Vast… tu sais ce que j’en fais du cavalier de première classe ?… Tu vas voir… Un trait de plume… trois lettres… « Z… u… t… » Et le voilà, le cri du cœur !

(Ils s’esclaffent tous deux.)
POLICHE, (pendant quelle écrit rapidement au secrétaire et sonne.)

Ah ! pour le coup, c’est trop… c’est trop beau !…