Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/48

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en étais restée aux larmes !… Et que signifie alors cette histoire de bain à laquelle il est fait allusion deux ou trois fois ?

DIANE.

Oh ! c’est peu de chose… Ça ne signifie rien d’important.

LE DUC.

C’est-à-dire ?… Veuille préciser, pendant que nous y sommes !

DIANE.

C’est parce qu’un jour, nous revenions de la promenade à cheval par les falaises, à midi, lui et moi, nous avons arrêté les chevaux sur la plage pour regarder la mer… alors, il m’a dit : « Vous ne vous baignerez pas aujourd’hui ? Vous laissez passer la marée ? » Alors, j’ai piqué vers ma cabine… Il n’y avait personne à cette heure-là sur la plage. Quand je suis sortie de la cabine, il a attaché les chevaux, puis il m’a dit : « Étendez-vous sur le sable, au soleil, pour que la mer vienne vous prendre petit à petit. » Alors, je l’ai fait ; je me suis étendue, et lui, il est resté loin, sans rien dire, à regarder venir la mer sur moi… Ce n’est que lorsque les vagues ont commencé à m’emporter, je voulais me relever, il a dit : « Non ! laissez-la vous prendre. » Je l’ai fait… les vagues sont venues… je suis partie avec elle… Voilà… c’est tout…

(Silence.)
LE DUC.

Et relativement à cette nuit de septembre, où tu es allée, prétends-tu, dans sa villa ? Ça me paraît bien invraisemblable, cette histoire-là ! Comment aurais-tu choisi justement un jour où nous nous levions à cinq heures du matin, ta chambre donnant sur celle de ton frère ?