Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 7, 1922.djvu/230

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PHILIPPE.

Maintenant je vous l’ordonne !…

THYRA.

Oh !… Philippe !… Oh ! Philippe !… J’ai vu petit à petit, à mesure que le mal monte en moi, votre bouche se détourner de moi. Et c’est bien la pire des épouvantes que de voir naître cette peur sur les lèvres de l’aimé !…

PHILIPPE.

Mais vous êtes simplement monstrueuse, savez-vous bien !

LIGNIÈRES.

J’ai peur de comprendre à mon tour… À quel mal obscur fait-elle allusion ?

PHILIPPE.

Ne l’écoutez pas !… Elle divague !…

THYRA.

Eh bien, oui, Lignières, oui, je suis perdue !… Ce n’est plus qu’une affaire de temps !

LIGNIÈRES.

Thyra !… Que dites-vous là ?

THYRA.

Et, à mesure que ce temps approche, sa crainte augmente !

PHILIPPE.

Ah !… Je m’insurge, cette fois ! Vous n’êtes plus maîtresse d’un cerveau fiévreux…

THYRA.

Non, Philippe, il ne ment pas, ce mouvement de la bouche qui glisse, qui cherche à mettre l’espace entre les lèvres… Tout cela n’échappe pas à mon désespoir ! Et tu m’aimes peut-être encore pourtant, c’est vrai, et je te fais pitié, c’est vrai…