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THÉRÈSE, (part en courant.)

Merci, maman.

(Elle demeure seule quelques instants sous le grand cèdre, puis Julien qui guettait revient.)


Scène VI


FRÉDÉRIQUE, JULIEN

FRÉDÉRIQUE, (s’asseyant sur le banc de pierre.)

Julien, il ne faut plus nous taquiner ainsi. Ne jouons plus à ce vilain jeu… Je veux avoir l’explication de vos sautes d’humeur brusques et froissantes ; vous me fuyez, nous nous boudons depuis une huitaine de jours, mais ce qui m’afflige, c’est qu’il n’est pas une de vos paroles ou un de vos silences qui n’ait le dessein de me faire de la peine. Vous sentez vous-même le besoin de me parler… Sérieusement, décidons-nous.

(Elle a pris un ton résolu et grave.)
JULIEN, (après un temps durant lequel il a gardé les yeux fermés.)

Une dernière fois… Frédér… j’allais dire madame, vous voyez où j’en suis !… une dernière fois, je vous demande et dans un état d’énervement que vous ne pouvez pas évaluer, s’il y a pour moi un espoir quelconque, fût-il dans le plus lointain avenir. Je n’en peux plus, je vous assure, Frédérique ! Je vous supplie d’avoir pitié de moi !

(Cette voix a un accent de tremblante sincérité.)
FRÉDÉRIQUE.

Je le voudrais. Vous ne savez pas à quel point je souhaiterais d’en être capable, mais je ne peux