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ACCIAIOLI.

magnum lumen attulisse judicatur Moralibus Aristotelis, explosis scilicet sophistarum interpretum ineptiis, quùm Eustratii Græci placita secutus, certiore ubique vestigio niteretur[1]. Voilà le texte ; et voici la paraphrase. Il ne laissa pas de traduire les Morales d’Aristote beaucoup plus exactement que ceux qui l’avaient précédé dans cette sorte de travail, ni de les purger des interprétations ridicules, que les anciens et les sophistes nouveaux leur avaient données, par un admirable commentaire où il montra que quiconque s’engage dans ce labyrinthe, sans un autre guide que le fameux Eustachius, ne saurait éviter de s’égarer [2]. Il n’est pas besoin que j’avertisse que l’auteur des anecdotes va plus loin que son latin, tant à l’égard d’Acciaioli qu’à l’égard d’Eustratius [3] ; et qu’au lieu de louer ce dernier, comme il en a l’intention, il le ravale au dernier rang des interprètes, il devait dire avec un autre, et non pas sans un autre. Que dirait le père Bouhours de par un admirable commentaire ? Ces paroles sont si mal placées, qu’elles font penser que les sophistes ont donné des interprétations ridicules par un admirable commentaire.

(D) On trouvera ci-dessous un supplément considérable. ] J’en puis parler avec cet éloge, puisqu’il s’agit d’un mémoire qu’un fort habile homme [4] m’a communiqué. « Le traité que Matthieu Palmieri a laissé de l’origine de la famille des Acciaioli peut beaucoup servir à rectifier et à remplir l’article de Donat Acciaioli. Ce traité, écrit en latin par Matthieu Palmieri, a été traduit en italien par un Donat Acciaioli, chevalier de Rhodes. L’original jusqu’ici n’a point paru ; la traduction seule a été imprimée à Florence, in-4o., l’an 1588, chez Barthélemi Sermartelli, à la suite de l’Histoire des Ubaldini, et de la Vie de Nicolas Acciaioli, grand sénéchal des royaumes de Sicile et de Jérusalem. Il y est dit que notre Donat naquit en 1428[* 1] ; qu’il fut enterré aux depens du public, que Christophle Landin fit son oraison funèbre[* 2]. Les autres particularités seraient trop longues à rapporter.... Sabellic, dans son Dialogue de Reparatione Linguaæ latinæ (Dialogue, pour le dire en passant, qu’on cite ordinairement comme d’un anonyme ), et Vives, libro V de Tradendis disciplinis, ont parlé avec éloge de la Vie de Charlemagne par Donat Acciaioli. L’Histoire Florentine de Léonard d’Arezzo, traduite du latin en italien par ce Donat, a été imprimée à Venise, in-folio, en 1473, au rapport du père Labbe, page 341 de son Supplem. Novæ Biblioth. MSS. »

  1. * Joly reproche à Bayle un mécompte. Né en 1428, Acciaioli aurait eu plus de trente-neuf ans en 1473. Voyez le texte.
  2. (*) Pocciantius, de Script. Florent. pag. 51, observe cela.
  1. Jovius, Flogior. cap. XVI.
  2. Varillas, Anecdot de Florence. pag. 169.
  3. C’est ainsi qu’il faut dire, et non pas, Eustachius.
  4. M. de la Monnaie.

ACCIAIOLI [* 1] (Zénobius), Florentin et moine de l’ordre de saint Dominique, s’est distingué par les ouvrages qu’il a donnés au public. Il fallait qu’il eût de l’érudition, puisque, sous le pape Léon X, il fut bibliothécaire du Vatican. Il exerça cette charge depuis l’an 1518 jusqu’à sa mort, qui arriva l’année 1520. Il vécut cinquante-huit ans. Il entendait le grec et l’hébreu, et il a traduit en latin quelques ouvrages des anciens pères : Olympiodore sur l’Ecclésiaste, le Traité d’Eusèbe contre Hiéroclès, les XII Livres de Théodoret, de Græcarum affectionum Curatione ; Justin martyr. Comme il était poète et orateur, il a loué le ciel et la terre, tant en vers qu’en prose. Nous avons de lui des poëmcs et des sermons sur l’Épiphanie, et des vers et des harangues en l’honneur de Léon X. On a publié quelques lettres qu’il avait écrites à Pie de la Miran-

  1. * Joly le dit né en 1462, d’après Échard et Quétif, et le croit fils d’Ange, qui était cousin de Donat.