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Émile Benoist

cheurs de l’or y sont rendus par milliers, par dizaines de mille, tous pris par la fièvre, la frénésie de la richesse. Sur leurs traces, des villages et des villes surgissent du soir au matin. Après Val d’Or, ville déjà vieille de deux ans, c’est Bourlamaque et c’est Malartic, c’est la ville de Sullivan, c’est la ville d’O’Brien, avec leurs banlieues invraisemblables, tout de suite densément peuplées. Dans ces banlieues, existent des peuplements de mineurs, de prospecteurs, de géologues et d’ingénieurs, de chimistes logeant leurs laboratoires sous la tente, de marchands et d’entrepreneurs, de gens honnêtes et de gens louches, de cabaretiers hors la loi et de restaurants grecs et chinois, de prostituées aussi et partant de souteneurs. C’est la débauche qui, malheureusement, manque le moins dans ce nouveau pays de l’or.

Un magma attire l’autre à ce qu’il semble. Le magma humain qui bouillonne ici, le long des deux grandes routes qui vont de Senneterre vers Rouyn et vers Mont-Laurier, le long des routes tributaires de ces deux-là, ce magma, dans lequel entrent des éléments des races de toutes les couleurs, paraît aussi inextricable que le magma géologique des âges anciens.

Celui-ci a pourtant produit, en se refroidissant, des filons d’or natif dans le quartz pur. Le