Page:Bentham - Déontologie, ou science de la morale, tome 1.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
22
DÉONTOLOGIE.

Mais un cheval ou un chien sont, sans comparaison, des êtres plus rationnels et des compagnons plus sociables qu’un enfant d’un jour, d’une semaine ou même d’un mois. Et en supposant même qu’it en fût autrement, quelle conséquence en tirer ? La question n’est pas : peuvent-ils raisonner ? peuvent-ils parler ? mais : Peuvent-ils souffrir ?[1]

Mais, de tous les êtres sensibles, les hommes sont ceux qui nous touchent de plus près et qui doivent nous être le plus chers. Et comment pourrez-vous travailler le plus efficacement à leur bonheur ? Comment, si ce n’est par l’exercice des vertus, de ces qualités dont la réunion constitue la vertu ? La vertu se divise en deux branches : la prudence[2] et la bienveillance effective[3]. La prudence a son siège dans l’intelli-

  1. Introduction aux Principes de la Morale, etc., chap. XVI, page 509
  2. On a attaché au mot prudence une signification étroite, exclusive, et dégagée de toute qualification morale : par prudence on a coutume d’entendre l’application convenable des moyens à une fin donnée. Il est sans doute superflu de dire que ce n'est pas là le sens étroit dans lequel nous entendons cette expression.
  3. Nous avons dû employer ces deux mots, dans l'impuissance où est notre langue d'exprimer par un mot unique l’idée de la bonté active, ou de la bienveillance et de la bienfaisance