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SCIENCE DE LA MORALE.

évite une peine à autrui, contribue indirectement à son propre bonheur.

Qu’est-ce que le bonheur ? C’est la possession du plaisir avec exemption de peine. Il est proportionné à la somme des plaisirs goûtés et des peines évitées. Et qu’est-ce que la vertu ? C’est ce qui contribue le plus au bonheur, ce qui maximise les plaisirs et minimise les peines1. Le vice, au contraire, c’est ce qui diminue le bonheur et contribue au malheur.

La première loi de notre nature, c’est de désirer notre propre bonheur. Les voix réunies de la prudence et de la bienveillance effective se font entendre et nous disent : Travaillez au bonheur des autres ; cherchez votre propre bonheur dans le bonheur d’autrui.

La prudence, dans le langage ordinaire, est l’adaptation des moyens à une fin donnée. En morale, cette fin, c’est le bonheur. Les objets sur lesquels doit s’exercer la prudence, sont nous-mêmes et autrui : nous-mêmes comme instrument, autrui comme instrument aussi de notre propre félicité. L’objet de tout être rationnel, c’est d’obtenir pour lui-même la plus grande


1 Maximiser, élever au maximum ; minimiser, réduire au minimum; expression de Bentham. (Note du traducteur)