Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 1, 1911, 3e mille.djvu/15

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pèlerins d’Emmaüs… C’était lui qui tournait à l’angle de…

Mais, je m’arrête, car je vous entends rire. Hommes de 1910, vous êtes clos ou rebelles à un fétichisme périmé dont la chère folie est, comme disent les magistrats, classée. L’hugolâtrie, c’est une vieille lune, que dis-je, une neige d’antan : il n’en reste de flocons qu’à nos cheveux blancs. Oui, je le sais. Laudator temporis acti. « Papa, tu dates ! » me disent mes propres enfants, quand j’ouvre devant eux ce coffret de ma mémoire, et ils s’envolent sur leurs pneus, loin du ratisseur de feuilles mortes.

Tant pis, nous étions heureux de croire, place Royale, et quand neuf heures sonnaient à l’église Saint-Paul, nous rentrions bras dessus bras dessous dans la pépinière, plus zélés que jamais pour l’œuvre de liberté.


Il faut bien dire que l’ardeur du lycée rouge était singulièrement attisée par trois répétiteurs, assez extraordinaires, dont l’enseignement eût républicanisé Denys de Syracuse. Je vous demande la permission de vous les silhouetter en quelques lignes, très brèves. — Dans nos collèges parisiens, le répétiteur est presque toujours un professeur libre, de haute valeur et hors cadres, qui, titré et gradé comme les maîtres réguliers de la carrière pédagogique, se borne à les doubler dans leur besogne officielle d’instruction et « répète » — d’où son nom — la leçon quotidienne des classes. Or, le dieu des poètes avait voulu que les nôtres fussent des universitaires dégommés ou démissionnaires du Coup d’État et dont