Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/415

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XIII

le père et le fils


L’enivrement de la douce confidence persiste, s’approfondit. Jean revient au chemin Saint-Louis… Le long de la Grande Allée méditative sous la lune et les étoiles, le tramway file avec impatience. Il y a peu de voyageurs, peu d’arrêts en la course vers la demeure paternelle. Jean, le plus tôt possible, va faire accepter par son père la tendresse qui le domine et si puissamment l’attendrit. Elle est devenue si entière, si impétueuse et définitive au cours de l’aveu, qu’il a fini par ne plus tenir compte de la vanité de Gaspard Fontaine et des répugnances qu’il en avait jusque là redoutées. L’opposition qu’il entrevoyait, par la violence et l’absolutisme qu’elle aurait, l’effarouchait au point d’avoir éloigné la confiance et l’effusion. Bien qu’il n’eût pas sondé l’orgueil de son père en toute sa profondeur, en toute son étendue, il en était malgré lui témoin assez pour qu’il en eût perçu la vigueur, l’essence. Et il n’ignorait pas que l’industriel peu à peu retirait son cœur au peuple au milieu duquel il avait d’abord battu, faisait rayonner sur les pauvres, les travailleurs, une