Page:Bibaud - Histoire du Canada et des Canadiens sous la domination anglaise, Vol 3, 1878.djvu/133

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pouvoir de proposer au dit acte les amendemens qui lui paraîtraient les plus propres à faire naître et procurer le bon gouvernement de la province. » &c.

La pétition contenait d’autres demandes, d’autres suggestions qui n’étaient guères plus raisonnables ; mais ce qu’elle disait de l’émigration, et par suite de l’introduction du choléra et d’autres maladies contagieuses, n’était pas aussi ridicule que quelques journalistes anglais le voulaient donner à entendre. Une émigration sur un plan aussi étendu que le fût celle de 1832, qui, dans des temps ordinaires aurait pu être avantageuse à la province supérieure, ne pouvait pas être telle pour l’inférieure, forcée, de recevoir, de loger, de nourrir et de soigner, à ses propres frais, une multitude prodigieuse d’indigens et de malades[1].

Cette pétition ayant été rendue publique, au moyen de l’impression, il semble que tous ceux qui avaient à cœur le bien du pays eussent dû s’empresser d’adresser une pétition au conseil législatif, et une contre-pétition à l’assemblée, pour exposer à ces corps la vérité, réfuter les assertions dénuées de fondement, et aller à la source de tout le mal moral dont on était témoin. On n’en avait rien fait ; soit qu’on s’en fût rapporté aux nombreux documens qui étaient entre les mains des autorités et du public ; soit qu’on n’eût pas cru pouvoir compter sur l’impartialité de la chambre d’assemblée, toute la teneur de la pétition cadrant avec les vues et les idées bien connues de son orateur et d’une partie de ses membres influents.

  1. Cette pétition disait aussi avec vérité des Canadiens d’origine française, que « bien que les vastes domaines de l’empire leur fussent nominalement ouverts, ce pays était, en effet, leur seule patrie, dont ils ne pouvaient sortir sans s’exposer à des incapacités légales, et sans renoncer à tout ce qui leur était cher, comme individus ».