Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/144

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chapitre huitième.

Les terrains plats et les bords des rivières de la Péninsule sont des causes de malaria qui attaquent les habitants sous la forme de fièvre bénigne. Pendant le printemps, l’été et le commencement de l’automne, un homme prudent ne s’expose pas au grand air jusqu’à ce que le soleil ait dissipé les brouillards du matin. Il faut user de la même prudence dans les pays du Sud, soit qu’il s’agisse des travaux du matin ou du soir. La fièvre est le fléau des États du Sud et du Centre, car cette maladie réduit tellement la force de la constitution qu’elle produit un grand abattement moral. Cependant ceux qui en souffrent, même de deux jours l’un, paraissent considérer la malaria comme quelque chose de peu d’importance, bien qu’il soit reconnu que la fièvre intermittente, en diminuant les forces du malade, le prédispose aux maladies plus sérieuses dont elle est le précurseur.

En partant de la baie Rehoboth, un petit bateau peut suivre les eaux intérieures jusqu’à la baie de la Chesapeake. Les rivières de cette côte sont protégées contre les grandes lames de l’Océan par des îles longues, étroites et sablonneuses, qui constituent des grèves entre lesquelles pénètrent des courants de marée. Ces eaux, venant de la mer, se joignent aux eaux intérieures et portent le nom de passes ; beaucoup d’entre elles sont navigables pour les caboteurs d’un faible tirant d’eau. La configuration de ces passes est si changée par l’effet des tempêtes que des troupeaux peuvent paître aujourd’hui dans un tranquille bonheur là où, il y a moins d’un quart de siècle, le marin passait avec son