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chapitre onzième.

et prennent au besoin la place de leurs anciens esclaves dans leurs antiques et grandes demeures : c’est bien dur pour elles, malgré tout, je vous l’assure. »

Le mardi 25 janvier, je descendis le Peedee, et je m’arrêtai aux plantations du docteur Weston et du colonel Benjamin Allston ; celui-ci est fils d’un des gouverneurs de la Caroline du Sud. Il eut la bonté de me remettre une lettre d’introduction pour le commodore Richard Lowndes, qui habite près de la côte. Du Peedee, je passai par une brèche dans les marais, et je me retrouvai sur le grand Waccamaw, que je descendis jusqu’à la baie Winyah.

Georgetown est bâti entre les bouches des rivières Peedee et Sampit. En approchant de cette ville avec précaution, je débarquai à la scierie à vapeur de M. David Risley, qui eut l’obligeance de remiser mon canot dans une pièce du fond de ses bureaux, tandis que je montai jusqu’à la ville pour aller à la poste. Par quelle voie mystérieuse les habitants avaient-ils appris l’arrivée du canot de papier ? comment trois négresses vinrent-elles m’accoster en grand costume, et en me disant : « Voulez-vous laisser voir votre petit canot de papier à trois dames ? »

Avant que j’eusse atteint ma destination, c’est-à-dire le bureau de poste, j’avais rencontré une troupe d’hommes qui se dirigeaient du côté du moulin à vapeur ; ils m’obligèrent à rebrousser chemin et à retourner au canot ; ils me faisaient tant de questions que j’avais bien de la peine à répondre. Il y avait là trois rédacteurs de journaux, deux blancs et un noir. Le plus jeune