Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/259

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chapitre onzième.

tation me fît remarquer que ses gens étaient très-défiants à l’égard des étrangers, et il me conseilla de pousser jusqu’à une autre localité. Je lui dis que j’étais du Nord, et que je ne toucherais pas même à un des moustiques qui infestaient les demeures des nègres ; le vieux bonhomme secoua néanmoins la tête, en ajoutant qu’il ne répondait pas de moi si je restais à passer la nuit en pareil lieu. Un nègre de grande taille, qui avait écouté la conversation, s’écria : & Maintenant, oncle, vous savez que si ce gentleman est du Nord, il est des nôtres, et vous devez faire quelque chose pour lui aujourd’hui. » Mais l’oncle Surveillant reprit : « Bien des nègres, ici, sont extrêmement soupçonneux, et je ne sais pas du tout qui est ce blanc. — Eh bien, oncle, si cet homme est un Yankee, je saurai bien lui en faire donner la preuve. »

Pendant qu’il me questionnait, les moustiques s’étaient télégraphié les uns aux autres qu’un étranger venait d’arriver, et ils mettaient ma patience à une dure épreuve.

« Mon nom est Jacob Gilleu, et vous, quel est le vôtre ? » Je le lui appris. Vint ensuite la question : « D’où êtes-vous ? — Je suis un citoyen des États-Unis, répondis-je. — Les États-Unis, qu’est-ce que c’est que Ça ? je n’en ai jamais entendu parler, » dit Jacob Gilleu. Lui ayant appris que c’était le pays gouverné par le général Grant, il s’écria : « Oh ! vous êtes un homme de Grant ! Tout alors est bien, vous êtes des nôtres, tout comme nous. Eh bien, écoutez. Je vais vous envoyer à un bon endroit sur le ruisseau l’Alligator, où