Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/349

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chapitre quinzième.

parcelles de terre voisine d’une belle réserve de la marine ; il n’était assurément pas assez bien renseigné pour pouvoir reconnaître les lignes de démarcation qui séparaient sa petite propriété de la riche réserve du gouvernement ; aussi il engagea un nombre considérable d’ouvriers pour abattre les immenses pins de l’Oncle Sam, qu’il amena jusque sur le bord du Suwanee, et de là les fit flotter jusqu’à son usine. Les choses continuèrent ainsi pendant quelque temps ; mais un jour l’agent du gouvernement fît son apparition et demanda le règlement des droits des parties. Le voleur de bois en grand commença par sourire, et il expliqua de l’air le plus franc qu’il croyait n’avoir abattu de bois que sur sa propriété ; puis il ajouta que tout dernièrement il s’était aperçu qu’il avait empiété sur celle de sa patrie adorée ; mais comme il était un citoyen, il était tout prêt à faire une restitution et demandait à régler le compte.

« L’agent du gouvernement se laissa surprendre par l’apparente candeur de cet homme, et celui-ci sut si bien exciter sa sympathie qu’il promit d’être aussi tolérant que possible. Il proposa en conséquence de régler l’affaire sur la valeur de cinquante cents par acre de terre pour tout le territoire dont les bois avaient été abattus, et il termina en disant : « Combien avez-vous abattu de bois « depuis que vos bûcherons sont dans la forêt ? »

« M. X… déclara qu’il lui était impossible de répondre à cette question, mais il offrit généreusement à l’agent de l’autorité de fixer les termes qui lui semblaient convenables entre un gouvernement paternel et un de