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AVIS SUR L’USAGE DE CE DICTIONNAIRE. XIII

che subtile-s, sentiments, discours, procédés

délicats qui touchent…

DIEU, s. m. Deus… cause de l’univers [Condillac] ; l’être parfait. [Nicole… ,

HISTOIRE, s. m. -toria… la plus sage conseillère des rois [Bossuet.] ; témoin des temps ; messagère de l’antiquité [Cicéron.] ; science des faits [Mercier.] ; expérience des nations ; tableau de l’avenir tracé dans le passé…

MÉDECINE, s. f. sans pl. -dicina… application des connaissances de l’homme à sa conservation.

PRIÈRE, s. f. Precatio élan de l’ame vers Dieu. Mad. de Staèl.]

QUIÉTISME, s. m… union immédiate, intime,

avec Dieu, et contemplation passive qui permet tous les vices [d’Argens.] ; confiance extrême dans l’amour pour Dieu [Fénélou.] ; hérésie des coeurs sensibles. Maury.]

RELIGION, s. f. -gio société entre l’homme et

Dieu [de Bonald.] ; perfection de la morale [de Bréhan. ] ; adoration de Dieu et pratique de la vertuDumarsais.] ; philosophie du peuple [Kotzebue.] ; crainte respectueuse de la divinité [La Bruyère.] ; foi aux êtres supérieurs, invisibles [Lavater.] ; philosophie du malheur [Maury.] ; science de servir DieuPlutarque.] ; rapport de Dieu à l’homme [Rivarol] ; devoirs de l’homme envers Dieu [Vauvenargues.] ; perfection de la raison [Molière.] ; philosophie divine ; rapports de l’homme avec Dieu ; culte rendu à la divinité ; science de Dieu ; éducation du peuple ; opinion, principe qui lient à des devoirs ; tout ce qui lie, attache fortement à des opinions, des sentiments, des personnes ; morale divine ; remède de l’ame. —, ceux qui suivent telle ou telle — ; —, se pers. — naturelle, raison divinisée ; idée de la Divinité, commune à tous les peuples ; morale commune à tous les hommes. [Voltaire.]

TERRE, s. f. Terra (poét.) hôpital des fous de

l’univers [Young.] ; un des temples de la Divinité.Voltaire.]

UNIVERS, s. m. pensée de l’Éternel… VÉRITÉ, s. f. -tas. conformité de l’idée avec son objet, d’un récit avec le fait, du discours avec la pensée ; véracité ; sincérité ; franchise ; bonne foi (parler avec —) ; l’opposé d’erreur, de mensonge, de flatterie, (dire des, les —s aux rois) ; l’opposé de faux, de fausse opinion… ; principe ; axiome… ; maxime ; raison… ; imitation, expression parfaite de

la nature, pl. choses véritables. —, connaissance du rapport entre les êtres [Dumarsais.] ; évidence réelle des êtres et des faits [Frédéric.] ; ce qui est énoncé tel qu’il est [Voltaire.] ; rapport exact entre la proposition et son objet… — physique, science du rapport entre les corps. — morale, science du rapport entre les personnes [Bonald.], adv. en —, certainement, assurément, de bonne foi : à la —, exprime l’aveu (à la —, j’ai dit que)…

VERNIS, s. m… (fig.) teinture, notion légère.

VIE, s. f. Vila. état des êtres, tant qu’ils ont en eux le principe du mouvement, des sensations, etc. ; ensemble des fonctions organiques ; exercice de ces

fonctions ; union de l’ame et du corps sa durée

espace dé temps de la naissance à la mort ; portion considérable du temps ; suite de mouvements exécutés en vertu des impressions reçues par les organes [Cabanis. ] ; point, moment, entre deux éternités [Platon. Timée. Pascal.] ; rêve d’une ombre [Pindare.] ; organisation et sentiment [Voltaire.] ; suite de sensations d’idées ; mouvement des organes ; conscience de soi ; poursuite du bien, fuite du mal…

Aucune de ces définitions ne porte atteinte à la Religion, à la Morale, à l’Autorité : la Raison et la Vérité sont unes, et les auteurs qui les ont le moins respectées dans leurs déclamations, ont été réduits à parler comme elles, lorsqu’ils se sont restreints aux définitions. Ils ont senti que le moindre écart des principes rendrait leurs définitions ridicules ; que s’ils pouvaient, à l’aide de faux raisonnements développés dans des phrases sonores, à l’aide de pensées ambitieuses, d’un charlatanisme de style et de philanthropie, égarer l’esprit et le cœur avides de nouveautés, le bon sens et le bon goût seraient offensés par une définition nue et contrefaite. Une mauvaise définition est comme un dessin incorrect ; le plus brillaut coloris et tout l’apparat d’une composition pathétique n’en couvrent pas les défauts.

À la vérité, il est impossible que toutes présentent le même degré de justesse à l’esprit de tous les lecteurs, soit par l’imperfection de ces définitions même ou du jugement de celui qui les apprécie, soit par les différences naturelles de la manière de sentir ; mais du moins toutes peuvent être considérées comme des interprétations, des manières particulières, souvent très-originales, de considérer l’objet défini.

D’ailleurs, le Lecteur doit se méfier de lui-même, de ses préjugés, de ses passions, de l’influence de sa situation : qu’il ne mette pas sa manière de sentir et de comprendre, peut-être fausse, à la place de celle des grands hommes qui ont médité sur ces sublimes objets, et dont les noms doivent inspirer le respect et la confiance : surtout qu’il n’accuse pas d’obscurité, DESCARTES, LOCKE, MALEBRANCHE, NICOLE et PASCAL ; ce sérait accuser les ténèbres de sa propre intelligence.

Quelques-unes de ces définitions ne sont que des pensées ingénieuses, poétiques ou philosophiques, exprimées en peu de mots ; mais l’Auteur, frappé de leur éclat, n’a pas eu le courage de les rejeter : elles lui ont paru comme des pierres précieuses éparses sur les sables arides de la Lexicographie.

Un grand nombre d’êtres métaphysiques, d’objets qu’il est indispensable de connaître, de qualités de l’homme, etc., sont exprimés par deux mots : quoique l’usage ne soit pas de les comprendre dans les nomenclatures, ils ne sont pas écartés de celle-ci.

XXIV. Exemples de définitions d’objets désignés par deux mots.

AMOUR, s. m. Amor… — véritable, attachement exclusif, avec l’entière abnégation de soi-même. de soi, attachement à soi-même ; désir de sa conservation. J.-J. Rousseau.]

AMOUR-PROPRE, s. m. sentiment de préférence exclu sive pour soi ; trop grand attachement à soi-même), à ses intérêts ; opinion trop avantageuse de soi-même ; v. G. A. AL. co… amour de son être et de son bienêtreMalebranche.] ; sentiment naturel d’amour et de préférence pour soi.

ESPRIT, s. m bel —, art de bien dire [Helvétius. ] ; art de dire élégamment des riens ; celui qui

le possède. — faux, qui apprécie mal le rapport des objets. — fou, qui controuve des rapports imaginaires, sans réalité ni apparence. — juste, qui voit les rapports tels qu’ils sont. — solide, qui forme ses idées sur des rapports réels. — superficiel, qui juge sur des rapports apparents. — d’imbécile, qui ne compare pas. [J.-B. Rousseau.] — fort, celui qui traite de chimère les articles de foi ; faux philosophe sans principes ; philo sophiste ; athée ; matérialiste ; sceptique par orgueil et par ignorance… — systématique, art de réduire les principes d’une science à un petit nombre [d’Alembert.]… ; — public, inspiré

par un amour exclusif de la patrie, et guidé par son intérêt ; volonté des citoyens de mettre leurs facultés

en commun-de corps !… égoïsme communal,

de corporation

SIMPLICITÉ, s. f. -tas… droiture d’une âme qui

s’interdit tout retour sur elle et sur ses actions [Fénélon. ] ; ignorance de son propre mérite [Trublet.] ; vérité d’un caractère naturel, innocent et droit. de style, rapport exact entre le sujet, les pensées et les expressions. [Barthélémy.] (syn.)

VERRE, s. m. Vitrum-de Moscovie, talc

très-lamelleux : sert de vitre, B.

Les recherches faites dans les auteurs en tous genres ont fourni les définitions de beaucoup de mots que les Lexicographes, surtout RESTAUD, avaient placés dans leurs nomenclatures, sans aucune explication, ou avec des explications insuffisantes et inexactes ; quelquefois c’est l’étymologie qui remplit cette lacune, qui rectifie l’erreur.

XXV. Exemples de mots non définis ou définis incomplètement.

ALBIGEOIS, s. m.pl. et adj. sectaires, G. prétendus Manichéens sacramentaires, d’Albi, etc. [Basnage.]

ANTIBACCHIQUE, s. m. t de poésie latine, R. -bachc. le contraire du pied, du mètre bac chique ; deux longues et une brève. Antibache.

CHRYSOGON, s. m. [J.-B. Rousseau.] financier, B.Chrysogonos, né de l’or, gr.)

CONGRUISME, s. m. opinion sur la grâce efficace, expliquée par sa congruité. c. v. G. arrangements que Dieu prend pour déterminer l’homme selon ses vues, sans gêner son libre arbitre. [Voltaire.]

CONTINENCE, s. f. -tia. vertu qui consiste à s’abstenir du plaisir de la chair (garder, observer la —) ;

cette abstinence. —, capacité pour contenir ; étendue. A. T. v. incorrect en ce dernier sens. voy. coutenance.

DÉISME, s. m. croyance à l’existence d’un seul Dieu, sans révélation ni culte.

LYCOPHRON, s. m. esprit obscur, impénétrable (style de —). (Lycophron, auteur de l’Alexandra.)

MÉTAPHRASTE, s. m. qui traduit littéralement, G. c. v. qui ne traduit pas littéralement, R. traducteur.

MYGLOSSUM, s. m. t. d’anat. R. -glosse, adj. 2 g. (muscle —), de la langue.

OESTRE, s. m. -trus. sorte de taon, insecte diptère ou aptere, astome ; B. —, [J.-J. Rousseau.] aiguillon,

piquant, stimulant.

POLYURIE, s. f. talent qui embrasse plusieurs genres, t. de littérature. [La Harpe.] Poli-, incorrect, (polus, plusieurs, ergon. ouvrage, gr.)

REPARTON, s. m. terme d’ardoisier. bloc, crenon.

MONOGRAPHIE, s. f. v. style, écriture runique. B.

THÉISME, s. m. croyance de l’existence d’un Dieu. A. réel, tout-puissant, actif et parfait.

THÉODICÉE, s.f. justice de Dieu, traité de ses attributs. Leibnitz.] (théos, Dieu, diké, justice gr.)

YCTOMANIE, s.f. fureur de battre, incorrect, voy. Ic-.

ZÉBU, s. m. L. petite espèce de bison, E.

Il aurait été très-facile à l’Auteur de donner aux définitions beaucoup plus d’étendue, en copiant l’Encyclopédie ; mais il avait présent à l’esprit le reproche fait au célèbre Chandler d’avoir oublié qu’un DICTIONNAIRE UNIVERSEL, quoique portatif, n’est pas un DICTIONNAIRE DE CHOSES, mais DE MOTS. Le but de l’Auteur a été de donner un Dictionnaire de la Langue avec les définitions, les acceptions et des exemples utiles et moraux de l’emploi des mots, et non pas un abrégé de l’Encyclopédie.