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prologue

l’héritage précieux que leurs pères leur avaient laissé dans ce pays : ces maisonnettes blanches, aux alentours propres et soignés, ces champs qu’ils avaient dépouillés de la forêt et rendus fertiles, mais surtout ces habitudes de travail et d’économie qui leur assuraient, partout où ils fixaient leurs foyers, l’indépendance, la richesse et les bénédictions du ciel ; et je dois dire que les héritiers de ces biens sont encore nombreux. Souvenirs que personne ne peut dépouiller, si vous ne pouvez pas donner des provinces et distribuer des décorations à ceux qui vous louent, il en est peu au-dessus de vous qui méritent plus d’estime à cause de leur origine ! Triompher du malheur en gardant une âme pure, c’est conquérir des titres de noblesse qui en valent bien d’autres, et vos pères l’ont tous fait.

Ces pages, que j’ai consacrées à leur mémoire et que je vous offre, sont probablement peu de choses ; mais si elles peuvent faire verser quelques larmes nouvelles sur les souffrances oubliées de vos parents ; si elles servent à retremper vos cœurs dans leur foi et leurs vertus de toutes sortes et vous engagent à imiter leur exemple dans toutes les circonstances difficiles qui sont encore réservées à votre existence nationale, alors je n’aurai pas entrepris une tâche inconsidérée, et je serai plus satisfait encore de l’avoir accomplie pour vous ; on me pardonnera peut-être ensuite les fautes de forme et de détail.

N. Bourassa