Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/130

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toujours la bonne douceur du repos dans un lit !

Il est probable que j’ai mis à mon couplet quelque véhémence, car tout le monde, d’un mouvement unanime, rit de ma pitié indignée. Tolstoï se renverse sur sa chaise, et, les mains au ventre, s’amuse énormément.

— Vous riez aussi, maître ?

— Mais oui, je ris. Quoi de si affreux dans le sort de ces braves gens ? Ils ont des joies, n’en doutez pas, et ils aiment la vie. La simplicité des mœurs est un bien très désirable. Regrettons au contraire que tous les hommes n’aient pas la vertu de s’y résoudre. Ceux-là vivent de peu ? C’est aussi qu’ils se contentent de peu. Je vous accorde la vermine. Mais ils n’ont pas de matelas ? Est-ce donc un indispensable confort, un matelas ? Moi je ne puis pas dormir dans un lit moelleux. Jadis, quand nous voyagions un peu, si j’étais invité chez des amis qui n’étaient pas au courant de mes goûts et avec qui je ne me sentais pas tout à fait libre, j’étais souvent très malheureux. On me