Page:Braddon - La Femme du docteur, 1870, tome II.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
LA FEMME DU DOCTEUR.

l’offre réitérée que son futur lui fit de son bras. L’infortuné fut obligé de se contenter de porter l’ombrelle et un livre de prières, couvert en velours rouge et orné de nombreux signets.

La conversation pendant cette après-midi du dimanche ne fut pas très-remarquable au point de vue de l’entrain ou de la profondeur. Isabel n’ouvrait la bouche que pour répondre, et encore le faisait-elle à la façon effarée d’une personne arrachée brusquement à un rêve. Julia, qui était une jeune fille érudite, et qui se vantait de n’être point frivole, discourut sur les noms botaniques et les attributs des fleurs qui diapraient les haies du chemin et fit quelques remarques sur la science de la médecine mise à la portée des femmes, lesquelles remarques auraient pu servir de canevas à un article de fond dans un journal hebdomadaire.

Mlle Burdock, qui dédaignait la supériorité intellectuelle et qui se donnait des airs évaporés à la Dora Spenlow, supplia sa future belle-sœur de ne pas se montrer cruelle et demanda à Isabel son opinion sur quelques délicieux chapeaux qu’on avait pu voir ce soir-là dans l’église d’Hurstonleigh. Le malheureux futur, qui parlait si rarement qu’il semblait difficile qu’il pût se compromettre lorsqu’il parlait, risqua quelques remarques qui furent reçues avec des regards sombres et menaçants par l’idole de son cœur.

— Dites donc, Sophronia, n’avez-vous pas été surprise de voir M. Lansdell dans la galerie ? — fit remarquer le jeune homme, interrompant sa fiancée au milieu d’une discussion dont le sujet était un bouquet de fleurs artificielles placé au sommet d’un chapeau de tulle blanc d’un aspect angélique et immaculé. —