Page:Bruant - Dans la rue, volume 3.djvu/193

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C’est en hiver qu’on m’a trouvé,
Un beau matin, sur le pavé,
Entortillé dans un bout d’laine,
            Près d’la Seine.
Et j’ai poussé, tout doucett’ment,
Sans savoir pourquoi, ni comment,
Avec les mômes d’la racaille
            Et d’la canaille.

      C’est moi P’tit-Gris,
      Le p’tit loupiot des ru’s d’Paris,
      Et dans la grand’ ville,
      Où que j’me faufile,
      Tous les soirs ej’ crie :
      D’mandez… La Patrie !

J’ai pas jamais appris d’métier,
J’ai toujours vécu, dans l’papier,
Du boniment des journalistes,
            Et des listes
De tous les numéros gagnants,
Et des lot’ri’s d’un tas d’feignants,
Et des vann’ et des balançoires…
            Ohé ! les poires !…

      C’est moi P’tit-Gris,
      Le p’tit loupiot des ru’s d’Paris,
      Et dans la grand’ ville,
      Où que j’me faufile,
      Tous les soirs ej’ crie :
      D’mandez… La Patrie !