Page:Bruant - Sur la route, 7e mille.djvu/168

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Qué qu’i’ va dir’ mon proprio
Si j’y pay’ pas son term’ d’octobre ?
Sûr i’ va m’vider. Je l’conobre…
Et v’là l’hiver… i’ fait frio.
Viv’ la Russie !… Ah ! la sal’ bête,
I’ va v’nir, avec son huissier,
Pour me fair’ saisir mon poussier…
I’s sont comm’ça… ça les embête
Quand on leur donn’ pas son pognon.
Viv’ la Russi’ !… J’y donn’rai dalle,
Il aura peau d’zébi, peau d’balle
Et pis cell’ de mon troufignon
Pour l’huissier et pour la saisie.
Viv’ la Russi’ !… J’m’en fous un peu,
J’ai deux chais’s, un peigne et mon pieu
Avec ma femme Anastasie.

Ma femm’ !… J’y pensais pus… Malheur !
A va vouloir ed’la monnaie
Et j’ai siroté tout’ ma paie…
Ah ! et pis zut !… au p’tit bonheur,
Moi, faut qu’tout m’pass’ par la vessie,
J’suis poivrot comme yen a pas un…
J’gard’ pas mon argent pour l’emprunt.

Viv’la Russie !


Octobre, 1896.