Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/62

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Il me paraît inutile de parler des autres critiques publiées par des savants ou au nom de la science. Elles furent impuissantes à empêcher l’Histoire naturelle d’acquérir rapidement une vogue et une renommée dont n’avait encore joui aucune œuvre scientifique. C’est que Buffon ne s’adressait pas à une petite coterie scientifique, mais à tous les hommes dont l’esprit avait été l’objet de quelque culture. Son Histoire naturelle était véritablement un ouvrage de vulgarisation, écrit dans une langue imagée, pompeuse même et d’une admirable clarté. On ne tarda pas à lui appliquer le mot dont il s’était servi pour caractériser Platon ; c’est, disait-on, un « peintre d’idées. »

En 1746, l’Académie de Berlin l’avait admis parmi ses membres[1]. Il fut successivement reçu dans les Académies de Londres, de Saint-Pétersbourg, de Padoue, de Bologne, des Arcardes de Rome[2], etc.

  1. M. Nadault de Buffon a publié la lettre que Samuel Formey adressa à Buffon, le 10 juin 1746, en sa qualité de secrétaire, pour l’informer de sa nomination,
    « Monsieur,

    » L’Académie royale des sciences et belles-lettres de Berlin, attentive à orner la liste de ses membres de noms propres à lui faire honneur, et surtout à choisir des associés dont les lumières puissent lui être utiles, a appris avec beaucoup de plaisir que vous souhaitiez d’être agrégé à son corps, et votre élection a été accompagnée d’une parfaite unanimité de suffrages. Vous pouvez donc, monsieur, revêtir la qualité de membre de cette Académie, dont vous recevrez le diplôme dès qu’il se présentera une occasion de vous le faire parvenir.

    » Je me félicite en mon particulier, monsieur, d’être chargé de vous notifier votre élection, et, en vous offrant les assurances d’estime et les témoignages de confraternité de tout notre corps, d’être le premier qui ait l’avantage de vous assurer de la considération distinguée avec laquelle j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissant serviteur,

    Formey,
    » Historiographe et secrétaire de l’Académie royale des sciences et belles-lettres de Berlin. »
  2. Nous devons également à M. Nadault de Buffon le curieux brevet qui fut envoyé à Buffon par cette Académie.

    « Acte de la promotion solennelle par acclamation à l’emploi de pasteur arcadien de l’illustre et savant comte de Buffon, lors de l’assemblée générale du 13 février 1777.

    » Nous, honorables Arcades, nous trouvant assemblés ici pour écouter une des si nombreuses productions littéraires du très docte P. François Jacquier, dit Diophante Asmiclée, la réunion du jour nous devient doublement agréable et solennelle en raison de la gracieuse invitation que vous adresse le magnanime prince D. Louis Gonzague de Castiglione (dit Émirène), domicilié actuellement sur les rivages du royal fleuve nommé la Seine, en vous priant de proclamer votre collègue un des plus grands génies de la France, le Pline de notre temps, le très célèbre comte de Buffon ; voulant par là donner à celui-ci un témoignage réciproque de son amitié, et à nous une preuve du généreux zèle que, même éloigné de nous, il conserve pour le plus grand éclat de notre assemblée. Un si grand génie, auteur encore vivant de tant d’œuvres remarquables et utiles à la société, par lesquelles il a mérité l’honneur de se voir élever une statue par l’ordre du Roi très chrétien, mérite bien de nous toute démonstration extraordinaire de profonde estime. En conséquence, très illustres Arcades, répétons avec joie cette invitation si honorable ; que dans ce jour les forêts arcadiennes retentissent du nom immortel du comte de Buffon, et qu’il soit acclamé sous les dénominations