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ARTICLE XI

DES MERS ET DES LACS



L’océan environne de tous côtés les continents ; il pénètre en plusieurs endroits dans l’intérieur des terres, tantôt par des ouvertures assez larges, tantôt par de petits détroits, et il forme des mers méditerranées, dont les unes participent immédiatement à ses mouvements de flux et de reflux, et dont les autres semblent n’avoir rien de commun que la continuité des eaux. Nous allons suivre l’océan dans tous ses contours, et faire en même temps l’énumération de toutes les mers méditerranées ; nous tâcherons de les distinguer de celles qu’on doit appeler golfes, et aussi de celles qu’on devrait regarder comme des lacs.

La mer qui baigne les côtes occidentales de la France fait un golfe entre les terres de l’Espagne et celles de la Bretagne ; ce golfe, que les navigateurs appellent le golfe de Biscaye, est fort ouvert, et la pointe de ce golfe la plus avancée dans les terres est entre Bayonne et Saint-Sébastien ; une autre partie du golfe, qui est aussi fort avancée, c’est celle qui baigne les côtes du pays d’Aunis à La Rochelle et à Rochefort ; ce golfe commence au cap d’Ortegal et finit à Brest, où commence un détroit entre la pointe de la Bretagne et le cap Lézard ; ce détroit, qui d’abord est assez large, fait un petit golfe dans le terrain de la Normandie, dont la pointe la plus avancée dans les terres est à Avranches ; le détroit continue sur une assez grande largeur jusqu’au Pas-de-Calais où il est fort étroit ; ensuite il s’élargit tout à coup fort considérablement, et finit entre le Texel et la côte d’Angleterre à Norwich ; au Texel, il forme une petite mer méditerranée qu’on appelle Zuyderzée, et plusieurs autres grandes lagunes dont les eaux ont peu de profondeur, aussi bien que celles de Zuyderzée.

Après cela, l’océan forme un grand golfe qu’on appelle la mer d’Allemagne, et ce golfe, pris dans toute son étendue, commence à la pointe septentrionale de l’Écosse, en descendant tout le long des côtes orientales de l’Écosse et de l’Angleterre jusqu’à Norwich, de là au Texel tout le long des côtes de Hollande et d’Allemagne, de Jutland et de la Norvège jusqu’au-dessus de Bergen ; on pourrait même prendre ce grand golfe pour une mer méditerranée, parce que les îles Orcades ferment en partie son ouverture et semblent être dirigées comme si elles étaient une continuation des montagnes de Norvège. Ce grand golfe forme un large détroit qui commence à la pointe méridionale de la Norvège, et qui continue sur une grande largeur jusqu’à l’île de Séeland, ou il se rétrécit tout à coup, et forme, entre les côtes de la Suède, les îles du Danemark et de Jutland, quatre petits détroits, après quoi il s’élargit comme un petit golfe, dont la pointe la plus avancée est à Lubeck ; de là, il continue sur une assez grande largeur jusqu’à l’extrémité méridionale de la Suède ; ensuite il s’élargit toujours de plus en plus, et forme la mer Baltique, qui est une mer méditerranée qui s’étend du midi au nord dans une étendue de près de trois cents lieues, en y comprenant le golfe de Bothnie, qui n’est en effet que la continuation de la mer Baltique ; cette mer a de plus deux autres golfes, celui de Livonie, dont la pointe la plus avancée dans les terres est auprès de Mittau et de Riga, et celui de Finlande, qui est un bras de la mer Baltique, qui s’étend entre la Livonie et la Finlande jusqu’à Pétersbourg, et communique au lac Ladoga, et même au lac Onéga, qui communique par le fleuve Onéga à la mer Blanche. Toute cette étendue d’eau qui forme la mer Baltique, le golfe de Bothnie, celui de Finlande et celui de Livonie, doit être regardée comme un grand lac qui est entretenu par les eaux des fleuves qu’il reçoit en très grand nombre, comme l’Oder, la