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Au Mexique, il y a plusieurs volcans dont les plus considérables sont Popochampèche et Popocatepec : ce fut auprès de ce dernier volcan que Cortès passa pour aller au Mexique, et il y eut des Espagnols qui montèrent jusqu’au sommet, où ils virent la bouche du volcan, qui a environ une demi-lieue de tour. On trouve aussi de ces montagnes de soufre à la Guadeloupe, à Tercère et dans les autres îles des Açores ; et, si on voulait mettre au nombre des volcans toutes les montagnes qui fument ou desquelles il s’élève même des flammes, on pourrait en compter plus de soixante ; mais nous n’avons parlé que de ces volcans redoutables auprès desquels on n’ose habiter, et qui rejettent des pierres et des matières minérales à une grande distance.

Ces volcans, qui sont en si grand nombre dans les Cordillères, causent, comme je l’ai dit, des tremblements de terre presque continuels, ce qui empêche qu’on y bâtisse avec de la pierre au-dessus du premier étage ; et, pour ne pas risquer d’être écrasés, les habitants de ces parties du Pérou ne construisent les étages supérieurs de leurs maisons qu’avec des roseaux et du bois léger. Il y a aussi dans ces montagnes plusieurs précipices et de larges ouvertures dont les parois sont noires et brûlées, comme dans le précipice du mont Ararat en Arménie, qu’on appelle l’Abîme : ces abîmes sont les bouches des anciens volcans qui se sont éteints.

Il y a eu dernièrement un tremblement de terre à Lima, dont les effets ont été terribles : la ville de Lima et le port de Callao ont été presque entièrement abîmés, mais le mal a encore été plus considérable au Callao. La mer a couvert de ses eaux tous les édifices, et par conséquent noyé tous les habitants, il n’est resté qu’une tour ; de vingt-cinq vaisseaux qu’il y avait dans ce port, il y en a eu quatre qui ont été portés à une lieue dans les terres, et le reste a été englouti par la mer. À Lima, qui est une très grande ville, il n’est resté que vingt-sept maisons sur pied ; il y a eu un grand nombre de personnes qui ont été écrasées, surtout des moines et des religieuses, parce que leurs édifices sont plus exhaussés, et qu’ils sont construits de matières plus solides que les autres maisons : ce malheur est arrivé dans le mois d’octobre 1746, pendant la nuit ; la secousse a duré quinze minutes.

Il y avait autrefois, près du port de Pisco au Pérou, une ville célèbre située sur le rivage de la mer ; mais elle fut presque entièrement ruinée et désolée par le tremblement de terre qui arriva le 19 octobre 1682 ; car la mer, ayant quitté ses bornes ordinaires, engloutit cette ville malheureuse, qu’on a tâché de rétablir un peu plus loin à un bon quart de lieue de la mer.

Si l’on consulte les historiens et les voyageurs, on y trouvera des relations de plusieurs tremblements de terre et d’éruptions de volcans, dont les effets ont été aussi terribles que ceux que nous venons de rapporter. Posidonius, cité par Strabon dans son premier livre, rapporte qu’il y avait une ville en Phénicie située auprès de Sidon, qui fut engloutie par un tremblement de terre, et avec elle le territoire voisin et les deux tiers même de la ville de Sidon, et que cet effet ne se fit pas subitement, de sorte qu’il donna le temps à la plupart des habitants de fuir ; que ce tremblement s’étendit presque par toute la Syrie et jusqu’aux îles Cyclades, et en Eubée où les fontaines d’Aréthuse tarirent tout à coup et ne reparurent que plusieurs jours après par de nouvelles sources éloignées des anciennes, et ce tremblement ne cessa pas d’agiter l’île tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, jusqu’à ce que la terre se fût ouverte dans la campagne de Lépante et qu’elle eût rejeté une grande quantité de terre et de matières enflammées. Pline, dans son premier livre, ch. lxxxiv, rapporte que, sous le règne de Tibère, il arriva un tremblement de terre qui renversa douze villes d’Asie ; et, dans son second livre, ch. lxxxiii, il fait mention dans les termes suivants d’un prodige causé par un tremblement de terre : Factum est semel (quod equidem in Etruscæ disciplinas voluminibus inveni) ingens terrarum portentum Lucio Marco, Sex. Julio Coss. in agro Mutinensi. Namque montes duo in-