Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 2.pdf/233

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ter se concurrerunt crepitu maxima adsultantes, recedentesque inter eos flamma, fumoque in cœlum exeunte interdiu, spectante e via Æmilia magna equitum Romanorum, familiærumque et viatorum multitudine. Eo concursu villæ omnes elisæ, animalia permulta, quæ intra fuerant, exanimata sunt, etc. Saint Augustin, lib. ii, de Miraculis, cap. iii, dit que, par un très grand tremblement de terre, il y eut cent villes renversées dans la Libye. Du temps de Trajan, la ville d’Antioche et une grande partie du pays adjacent furent abîmées par un tremblement de terre ; et du temps de Justinien, en 528, cette ville fut une seconde fois détruite par la même cause avec plus de 40 000 de ses habitants ; et 60 ans après, du temps de saint Grégoire, elle essuya un troisième tremblement avec perte de 60 000 de ses habitants. Du temps de Saladin, en 1182, la plupart des villes de Syrie et du royaume de Jérusalem furent détruites par la même cause. Dans la Pouille et dans la Calabre, il est arrivé plus de tremblements de terre qu’en aucune autre partie de l’Europe. Du temps du pape Pie II, toutes les églises et les palais de Naples furent renversés, et il y eut près de 30 000 personnes de tuées, et tous les habitants qui restèrent furent obligés de demeurer sous des tentes jusqu’à ce qu’ils eussent rétabli leurs maisons. En 1629, il y eut des tremblements de terre dans la Pouille qui firent périr 7 000 personnes ; et, en 1638, la ville de Sainte-Euphémie fut engloutie, et il n’est resté en sa place qu’un lac de fort mauvaise odeur. Raguse et Smyrne furent aussi presque entièrement détruites. Il y eut, en 1692, un tremblement de terre qui s’étendit en Angleterre, en Hollande, en Flandre, en Allemagne, en France, et qui se fit sentir principalement sur les côtes de la mer et auprès des grandes rivières ; il ébranla au moins 2 600 lieues carrées ; il ne dura que deux minutes : le mouvement était plus considérable dans les montagnes que dans les vallées. (Voyez Ray’s Discourses, p. 272.) En 1688, le 10e de juillet, il y eut un tremblement de terre à Smyrne qui commença par un mouvement d’occident en orient ; le château fut renversé d’abord, ses quatre murs s’étant entrouverts et enfoncés de six pieds dans la mer ; ce château, qui était un isthme, est à présent une véritable île éloignée de la terre d’environ 100 pas, dans l’endroit où la langue de terre a manqué ; les murs qui étaient du couchant au levant sont tombés, ceux qui allaient du nord au sud sont restés sur pied ; la ville, qui est à dix milles du château, fut renversée presque aussitôt ; on vit en plusieurs endroits des ouvertures à la terre, on entendit divers bruits souterrains, il y eut de cette manière cinq ou six secousses jusqu’à la nuit, la première dura environ une demi-minute ; les vaisseaux qui étaient à la rade furent agités, le terrain de la ville a baissé de deux pieds ; il n’est resté qu’environ le quart de la ville, et principalement les maisons qui étaient sur des rochers ; on a compté 15 ou 20 mille personnes accablées par ce tremblement de terre. (Voyez l’Hist. de l’Acad. des Sciences, an. 1688.) En 1695, dans un tremblement de terre qui se fit sentir à Bologne en Italie, on remarqua comme une chose particulière que les eaux devinrent troubles un jour auparavant. (Voyez l’Hist. de l’Acad., an. 1696.)

« Il se fit un si grand tremblement de terre à Tercère, le 4 mai 1614, qu’il renversa en la ville d’Angra onze églises et neuf chapelles sans les maisons particulières, et, en la ville de Praya, il fut si effroyable, qu’il n’y demeura presque pas une maison, debout ; et, le 16 juin 1628, il y eut un si horrible tremblement dans l’île de Saint-Michel, que proche de là la mer s’ouvrit et fit sortir de son sein, en un lieu où il y avait plus de 150 toises d’eau, une île qui avait plus d’une lieue et demie de long et plus de 60 toises de haut. » (Voyez les Voyages de Mandelslo.) « Il s’en était fait un autre en 1591, qui commença le 26 de juillet et dura dans l’île de Saint-Michel jusqu’au 12 du mois suivant ; Tercère et Fayal furent agitées le lendemain avec tant de violence qu’elles paraissaient tourner ; mais ces affreuses secousses n’y recommencèrent que quatre fois ; tandis qu’à Saint-Michel elles ne cessèrent point un moment pendant plus de quinze jours ; les insulaires, ayant abandonné leurs maisons qui tombaient d’elles-mêmes à