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sée dans cet endroit au point que l’eau touche presque à la voûte ; mais, après avoir passé cet endroit, la voûte se relève et on voyage encore sur la rivière jusqu’à ce que la voûte se rabaisse de nouveau et touche à la superficie de l’eau, et c’est là le fond de la caverne et la source du ruisseau qui en sort ; il grossit considérablement dans de certains temps, et il amène et amoncelle beaucoup de sable dans un endroit de la caverne qui forme comme un cul-de-sac dont la direction est différente de celle de la caverne principale.

Dans la Carniole, il y a une caverne auprès de Potpéchio, qui est fort spacieuse et dans laquelle on trouve un grand lac souterrain. Près d’Adelsperg, il y a une caverne dans laquelle on peut faire deux milles d’Allemagne de chemin, et où on trouve des précipices très profonds. (Voyez Act. erud. Lips., an. 1689, p. 558.) Il y a aussi de grandes cavernes et de belles grottes sous les montagnes de Mendipp en Galles ; on trouve des mines de plomb auprès de ces cavernes, et des chênes enterrés à quinze brasses de profondeur. Dans la province de Glocester, il y a une très grande caverne qu’on appelle Pen-park-hole, au fond de laquelle on trouve de l’eau à trente-deux brasses de profondeur ; on y trouve aussi des filons de mine de plomb.

On voit bien que la caverne de Devel’s-Hole et les autres, dont il sort de grosses fontaines ou des ruisseaux, ont été creusées et formées par les eaux, qui ont emporté les sables et les matières divisées qu’on trouve entre les rochers et les pierres, et on aurait tort de rapporter l’origine de ces cavernes aux éboulements et aux tremblements de terre.

Une des plus singulières et des plus grandes cavernes que l’on connaisse est celle d’Antiparos, dont M. de Tournefort nous a donné une ample description : on trouve d’abord une caverne rustique d’environ trente pas de largeur, partagée par quelques piliers naturels ; entre les deux piliers qui sont sur la droite il y a un terrain en pente douce, et ensuite jusqu’au fond de la même caverne une pente plus rude d’environ vingt pas de longueur ; c’est le passage pour aller à la grotte ou caverne intérieure, et ce passage n’est qu’un trou fort obscur par lequel on ne saurait entrer qu’en se baissant, et au secours des flambeaux. On descend d’abord dans un précipice horrible à l’aide d’un câble que l’on prend la précaution d’attacher tout à l’entrée ; on se coule dans un autre bien plus effroyable dont les bords sont fort glissants, et qui répondent sur la gauche à des abîmes profonds. On place sur les bords de ces gouffres une échelle au moyen de laquelle on franchit, en tremblant, un rocher tout à fait coupé à plomb ; on continue à glisser par des endroits un peu moins dangereux ; mais dans le temps qu’on se croit en pays praticable, le pas le plus affreux vous arrête tout court, et on s’y casserait la tête, si on n’était averti ou arrêté par ses guides ; pour le franchir, il faut se couler sur le dos le long d’un gros rocher, et descendre une échelle qu’il faut y porter exprès ; quand on est arrivé au bas de l’échelle, on se roule quelque temps encore sur des rochers, et enfin on arrive dans la grotte. On compte trois cents brasses de profondeur depuis la surface de la terre ; la grotte paraît avoir quarante brasses de hauteur sur cinquante de large : elle est remplie de belles et grandes stalactites de différentes formes, tant au-dessus de la voûte que sur le terrain d’en bas. (Voyez le Voyage du Levant, pages 188 et suiv.)

Dans la partie de la Grèce appelée Livadie (Achaia des anciens), il y a une grande caverne dans une montagne, qui était autrefois fort fameuse par les oracles de Trophonius, entre le lac de Livadia et la mer voisine, qui, dans l’endroit le plus près, en est à quatre milles : il y a quarante passages souterrains à travers le rocher, sous une haute montagne, par où les eaux du lac s’écoulent. (Voyez Géographie de Gordon, édit. de Londres, 1733, page 179.)

Dans tous les volcans, dans tous les pays qui produisent du soufre, dans toutes les contrées qui sont sujettes aux tremblements de terre, il y a des cavernes : le terrain de la plupart des îles de l’Archipel est caverneux presque partout ; celui des îles de l’Océan