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ART. X. FLEUVES.

rant de l’eau se détourne et tournoie dans ces petits golfes, ce qui en diminue la vitesse. Ce moyen seroit peut-être fort bon pour prévenir la chute des ponts dans les endroits où il n’est pas possible de faire des barres auprès du pont : ces barres soutiennent l’action du poids de l’eau ; les golfes dont nous venons de parler en diminuent le courant : ainsi tous deux produiroient à peu près le même effet, c’est-à-dire la diminution de la vitesse.

La manière dont se font les inondations, mérite une attention particulière. Lorsqu’une rivière grossit, la vitesse de l’eau augmente toujours de plus en plus jusqu’à ce que ce fleuve commence à déborder : dans cet instant la vitesse de l’eau diminue ; ce qui fait que le débordement une fois commencé, il s’ensuit toujours une inondation qui dure plusieurs jours : car quand même il arriveroit une moindre quantité d’eau après le débordement qu’il n’en arrivoit auparavant, l’inondation ne laisseroit pas de se faire, parce qu’elle dépend beaucoup plus de la diminution de la vitesse de l’eau que de la quantité de l’eau qui arrive. Si cela n’étoit pas ainsi, on verroit souvent des fleuves déborder pour une heure ou deux, et rentrer ensuite dans leur lit, ce qui n’arrive jamais : l’inondation dure au contraire toujours pendant quelques jours, soit que la pluie cesse, ou qu’il arrive une moindre quantité d’eau, parce que le débordement a diminué la vitesse, et que par conséquent la même quantité d’eau n’étant plus emportée dans le même temps qu’elle l’étoit auparavant, c’est comme s’il en arrivoit une plus grande quantité. L’on peut remarquer, à l’occasion de cette diminution, que s’il arrive qu’un vent constant souffle