Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/163

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
157
ART. XI. MERS ET LACS.

avec une grande rapidité. Cette mer s’étend à près de 900 lieues dans l’intérieur des terres, et elle a plusieurs choses remarquables : premièrement elle ne participe pas d’une manière sensible au mouvement de flux et de reflux, et il n’y a que dans le golfe de Venise, où elle se rétrécit beaucoup, que ce mouvement se fait sentir ; on prétend aussi s’être aperçu de quelque petit mouvement à Marseille et à la côte de Tripoli : en second lieu elle contient de grandes îles, celles de Sicile, celles de Sardaigne, de Corse, de Chypre, de Majorque, etc., et l’une des plus grandes presqu’îles du monde, qui est l’Italie : elle a aussi un archipel, ou plutôt c’est de cet archipel de notre mer Méditerranée que les autres amas d’îles ont emprunté ce nom : mais cet archipel de la Méditerranée me paroît appartenir plutôt à la mer Noire, et il semble que ce pays de la Grèce ait été en partie noyé par les eaux surabondantes de la mer Noire, qui coulent dans la mer de Marmara, et de là dans la mer Méditerranée.

Je sais bien que quelques gens ont prétendu qu’il y avoit dans le détroit de Gibraltar un double courant ; l’un supérieur, qui portoit l’eau de l’Océan dans la Méditerranée ; et l’autre inférieur, dont l’effet, disent-ils, est contraire ; mais cette opinion est évidemment fausse et contraire aux lois de l’hydrostatique. On a dit de même que dans plusieurs autres endroits il y avoit de ces courants inférieurs, dont la direction étoit opposée à celle du courant supérieur, comme dans le Bosphore, dans le détroit du Sund, etc. ; et Marsigli rapporte même des expériences qui ont été faites dans le Bosphore et qui prouvent ce fait ; mais il y a grande apparence que les expériences ont été mal faites, puis-