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LE CALYBÉ DE LA NOUVELLE-GUINÉE[1][NdÉ 1]

Nous retrouvons ici, sinon le luxe et l’abondance des plumes, au moins les belles couleurs et le plumage velouté des oiseaux de Paradis.

Le velours de la tête est d’un beau bleu changeant en vert, dont les reflets imitent ceux de l’aigue-marine ; le velours du cou a le poil un peu plus long, mais il brille des mêmes couleurs, excepté que chaque plume étant d’un noir lustré dans son milieu, et d’un vert changeant en bleu seulement sur les bords, il en résulte des nuances ondoyantes qui ont beaucoup plus de jeu que celles de la tête. Le dos, le croupion, la queue et le ventre sont d’un bleu d’acier poli, égayé par des reflets très brillants.

Les petites plumes veloutées du front se prolongent en avant jusque sur une partie des narines, lesquelles sont plus profondes que dans les espèces précédentes. Le bec est aussi plus grand et plus gros ; mais il est de même forme, et ses bords sont pareillement échancrés vers la pointe. Pour la queue, on n’y a compté que six pennes, mais probablement elle n’était pas entière.

L’individu qui a servi de sujet à cette description, ainsi que ceux qui ont servi de sujets aux trois descriptions précédentes[2], est enfilé dans toute sa longueur d’une baguette qui sort par le bec, et le déborde de deux ou trois pouces. C’est de cette manière très simple, et en retranchant les plumes de mauvais effet, que les Indiens savent se faire sur-le-champ une aigrette ou une espèce de panache, tout à fait agréable, avec le premier petit oiseau à beau plumage qu’ils trouvent sous la main ; mais aussi c’est une manière sûre de déformer ces oiseaux et de les rendre méconnaissables, soit en leur allongeant le cou outre mesure, soit en altérant toutes leurs autres proportions ; et c’est par cette raison qu’on a eu beaucoup de peine à retrouver dans le calybé l’insertion des ailes qui lui avaient été arrachées aux Indes, en sorte qu’avec un peu de crédulité on n’eût pas manqué de dire que cet oiseau joignait à la singularité d’être né sans pieds la singularité bien plus grande d’être né sans ailes.

Le calybé s’éloigne plus des manucodes que les trois espèces précédentes ; c’est pourquoi je l’ai renvoyé à la dernière place, et lui ai donné un nom particulier.


  1. C’est le nom que M. Daubenton le jeune a donné à cet oiseau pour exprimer la principale couleur de son plumage, qui est celle de l’acier bronzé ; et c’est au même M. Daubenton que je dois tous les éléments des descriptions de ces quatre espèces nouvelles.
  2. Ces quatre oiseaux font partie de la belle suite d’animaux et autres objets d’histoire naturelle, rapportée des Indes depuis fort peu de temps, et remise au Cabinet du Roi par M. Sonnerat, correspondant de ce même Cabinet. Il serait à souhaiter que tous les corres-
  1. Paradisæa viridis Gmel. [Note de Wikisource : actuellement Manucodia chalybatus Pennant, vulgairement paradisier vert].