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ARCHITECTURE CHRÉTIENNE.

mura, SS. Quattro Coronati à Rome [a]). Le mur supérieur de la nef centrale est tantôt couvert de peintures, tantôt percé de grandes fenêtres pour la plupart, aujourd’hui, murées ou transformées. Les plafonds primitif, richement décorés, ont tous disparu ; dans quelques églises les charpentes apparentes du moyen âge se sont conservées ; la plupart ont des plafonds modernes ou de fausses voûtes.

5o  Dans les basiliques de Ravenne [b] on trouve pour la première fois d’une façon régulière deux absides latérales construites à droite et à gauche de l’abside principale.

6o  Les murs extérieurs restaient généralement nus et lisses ; à Ravenne [c], on a fait de timides essais d’une division par montants de maçonnerie peu saillants avec plein cintre, et de bonne heure aussi de véritables frises d’arc. Toutes les consoles que l’on rencontre dans les corniches ont été empruntées à des édifices antiques (abside de S. Cecilia à Rome. [d]). La façade était précédée d’un vestibule dont nous parlerons plus bas ; les portes avaient généralement des montants antiques ; les murs supérieurs étaient probablement décorés de précieuses plaques de marbre et peut-être, à une époque plus ancienne, de mosaiques.

7o  À l’intérieur, plus la colonnade est ancienne, plus elle est serrée et régulière (comp. I, p. 24). Dans l’ancienne église de Saint-Pierre, les colonnes portaient un entablement droit ; l’ancien Saint-Jean-de-Latran et l’ancienne église de Saint-Paul avaient des arcs ; S. Maria Maggiore [e] a encore son entablement droit, — tous ces édifices datent du IVe et du Ve siècle. Dès lors les arcs prévalent (il faut excepter l’étage inférieur de la vieille église de S. Lorenzo fuori [f]) ; ils sont, à Ravenne, la forme uniquement employée ; ce n’est que du XIe au XIIIe siècle que l’on retrouve dans quelques églises de Rome [g] (S. Maria in Trastevere, S. Crisogono, la nouvelle église de S. Lorenzo fuori) l’entablement droit, et ailleurs même, l’arc surbaissé (cathédrale de Narni [h] et vestibule de la Pensola dans la même ville).

8o  À Rome, les arcs sont en général posés directement sur le chapiteau de la colonne ; à Ravenne, on insère une pièce intermédiaire en forme de trapèze, dont la structure barbare répond mal à la nécessité du rôle pour lequel elle était créée. Les anciens du moins, pour leurs colonnes en saillie, avaient l’entablement et, quand Brunellesco tenta de retrouver l’architecture antique, c’est cet entablement qu’il commença.


La plupart des basiliques ont subi des changements si considérables qu’il faut un effort pour se représenter l’impression primitive. Cette manière de bâtir, avec de hautes murailles posées sur colonnes, ne devait que difficilement résister à un violent tremblement de terre, la toiture en bois exposait aux incendies et, en outre, la légèreté même de ces édifices invitait à les reconstruire. Certainement nombre de basiliques