Page:Burckhardt - Le Cicerone, 2e partie, trad. Gérard, 1892.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
67
MONZA, MILAN, PAVIE, CÔME.

gothique ; les plans en style moderne d’Alberto Alberti et de Palladio sont, par contre, singulièrement plus heureux.)


Les églises gothiques de l’ancien duché de Milan, d’une grande richesse décorative pour la plupart, sont, en ce qui constitue l’âme même de l’architecture, très inférieures aux églises toscanes, et à un grand nombre de celles qui ont été citées. On sent qu’ici les grands problèmes de l’espace, des proportions et de l’organisme n’ont pas été résolus ; l’on se contente encore des vieilles et informes façades lombardes montant dans toute leur largeur ; à l’intérieur, les nefs sont presque de même hauteur, le faisceau de colonnes est maintenu sans raison ou remplacé par de lourdes colonnes rondes, le détail enfin, appliqué à une matière sans cesse changeante, est lui-même hésitant. Avec le marbre, en effet, la haute Italie emploie fréquemment la brique, les formes en sont parfois assez riches et les motifs heureux, l’architecte y verra exprimé maint détail excellent, mais l’architecture à la pierre perd ici le sentiment de ses formes propres.

Nous avons déjà parlé plus haut de la cathédrale [a] de Milan, qui est en partie le résultat et en partie le modèle de ce style.

La cathédrale [b] de Monza, à cinq nefs, reconstruite au xive siècle telle qu’elle est aujourd’hui, par Marco di Campione reproduit sur sa façade de marbre des motifs d’ornementation qui appartiennent proprement aux édifices en briques. Elle est le premier modèle et en même temps le squelette de la façade de Milan. À l’intérieur, de grosses colonnes rondes avec des arcs à large ouverture ; le reste est défiguré par des enduits. — À S. Maria in Strata [c] à Monza, la moitié supérieure de la façade est une construction de briques d’une réelle élégance.

À Milan, les parties gothiques de S. Maria delle Grazie [d], la façade et la nef (vers 1470), donnent la moyenne des églises lombardes de ce style. La ville renferme une grande quantité d’églises gothiques ; une des plus grandes est S. Eustorgio [e] une des plus élégantes, S. Simpliciano [f]. — La tour très élégante de S. Gottardo [g] (Palazzo reale), où se mêlent la pierre et la brique, ne présente, à l’exception des corniches ogivales, aucun motif qui ne se trouve déjà dans le style roman. (Elle est octogone, les angles sont aussi légers que le reste.)

S. Francesco [h], à Pavie, trahit, malgré la ridicule incrustation en forme d’échiquier de la façade, un certain sentiment de l’effet.

Cathédrale [i] de Côme ; les parties plus anciennes, commencées en 1396, appartiennent à ce que le gothique lombard a produit de meilleur ; les piliers sont d’une forme plus pure que ceux de Milan, et les larges intervalles y sont d’un goût plus italien [1]. La façade, l’une des rares dont

  1. Les deux premiers intervalles sont encore étroits, de manière à ce que& les nefs latérales forment des carrés réguliers, comme dans ta cathédrale de Milan. Ce n’est qu’à