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LES OISEAUX.

IDYLLE


L’air n’est plus obscurci par des brouillards épais,
Les prez font éclater les couleurs les plus vives,
Et dans leurs humides palais
L’hiver ne retient plus les Nayades captives.
Les bergers, accordant leur musette à leur voix,
D’un pied léger foulent l’herbe naissante :
Les troupeaux ne sont plus sous leurs rustiques toits.
Mille et mille oiseaux à la fois,
Ranimant leur voix languissante,
Réveillent les échos endormis dans ces bois.
Où brilloient les glaçons, on voit naistre les roses :
Quel dieu chasse l’horreur qui régnoit dans ces lieux ?
Quel dieu les embellit ? Le plus petit des dieux
Fait seul tant de métamorphoses ;
Il fournit au printemps tout ce qu’il a d’appas :
Si l’Amour ne s’en mesloit pas,
On verroit périr toutes choses.
Il est l’ame de l’univers ;
Comme il triomphe des hivers
Qui désolent nos champs par une rude guerre,
D’un cœur indifférent il bannit les froideurs.
L’indifférence est pour les cœurs
Ce que l’hiver est pour la terre.
Que nous servent, hélas ! de si douces leçons ?
Tous les ans la nature en vain les renouvelle ;
Loin de la croire, à peine nous naissons,
Qu’on nous apprend à combattre contre elle.