« De l’aigle encor l’aile rase les cieux,
« Du rossignol les chants sont toujours tendres ;
« Toi, peuple grec, tes arts, tes lois, tes dieux,
« Qu’en as-tu fait ? qu’as-tu fait de nos cendres ?
« Tes fêtes passent sans gaîté
« Sur une rive encor fleurie.
« Doux enfant de la Liberté,
« Le Plaisir veut une patrie !
« Une patrie !
« Déja vainqueur, chante et vole au danger ;
« Brise tes fers : tu le peux, si tu l’oses.
« Sur nos débris, quoi ! le vil étranger
« Dort enivré du parfum de tes roses.
« Quoi ! payer avec la beauté
« Un tribut à la barbarie !
« Doux enfant de la Liberté,
« Le Plaisir veut une patrie !
« Une patrie !
« C’est trop rougir aux yeux du voyageur
« Qui d’Olympie évoque la mémoire.
« Frappe ! et ces bords, au gré d’un ciel vengeur,
« Reverdiront d’abondance et de gloire.
« Des tyrans le sang détesté
« Réchauffe une terre appauvrie.
« Doux enfant de la Liberté,
« Le Plaisir veut une patrie !
« Une patrie !
« À tes voisins n’emprunte que du fer :
« Tout peuple esclave est allié perfide.
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