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maires, et je passe tout de suite des préfaces de l’ouvrage de Kant à l’introduction, qui va commencer à nous initier à la théorie de notre philosophe,

Légitimité de distinction de la connaissance pure (à priori) et de la connaissance empirique (à posteriori).

Nous venons de voir que la critique de la raison pure avait pour but de ramener la connaissance à ses éléments à priori afin d’en déterminer d’une manière vraiment scientifique la valeur et la portée. Mais il faut d’abord justifier la distinction qui est la condition même de cette façon de traiter la critique de l’esprit humain. C’est précisément ce que fait Kant dès le début de l’introduction.

Il admet que toutes nos connaissances ne commencent qu’avec l’expérience : « car, dit-il (p. 45), par quoi la faculté de connaître serait-elle appelée à s’exercer, si elle ne l’était point par des objets qui frappent nos sens, et qui, d’un côté, produisent d’eux mêmes des représentations, et, de l’autre, excitent notre activité intellectuelle à les comparer, à les unir ou à les séparer, et à mettre ainsi en œuvre la matière brute des impressions sensibles pour en former cette connaissance des objets qui s’appelle l’expérience ? Aucune connaissance ne précède donc en nous, dans le temps, l’expérience, et toutes commencent avec elle. »

Mais de ce que toutes nos connaissances commencent avec l’expérience, s’en suit-il qu’elles dérivent toutes de l’expérience ? N’y a-t-il pas des connaissances à priori, c’est-à-dire que l’expérience ne peut expliquer, et qui par conséquent n’en dérivent pas ? Et parmi celles-ci n’y en a-t-il pas qui ne contiennent aucun mélange empirique, et qui en ce sens soient tout à fait pures. Pour résoudre cette question, ou pour justifier la distinction dont il s’agit, Kant a recours à un double critérium : la nécessité et l’universalité. L’expérience nous montre bien ce qui est ; elle nous enseigne bien qu’une chose est ceci ou cela, mais non pas qu’elle ne puisse être autrement ou qu’elle soit nécessairement. Par la même raison, elle peut bien constater qu’il n’y a jamais eu jusqu’ici d’exception à telle ou telle règle, mais non certifier que cette règle est absolument universelle. Elle ne saurait donner à notre connaissance le caractère de l’universalité absolue. Si donc il y a dans notre connaissance des principes qui soient nécessaires et universels, on peut tenir pour certain qu’ils ne viennent pas de l’expérience (v. p. 47. — Cf. p. 48 la version de la première édition). La question revient donc à celle-ci : Y a-t-il des jugements qui