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ÈVE


Mère voici vos fils qui se sont tant battus.
Qu’ils ne soient pas pesés comme on pèse un esprit.
Qu’ils soient plutôt jugés comme on juge un proscrit
Qui rentre en se cachant par des chemins perdus.

Mère voici vos fils et leur immense armée.
Qu’ils ne soient pas jugés sur leur seule misère.
Que Dieu mette avec eux un peu de cette terre
Qui les a tant perdus et qu’ils ont tant aimée.

Mère voici vos fils qui se sont tant perdus.
Qu’ils ne soient pas jugé sur une basse intrigue.
Qu’ils soient réintégrés comme l’enfant prodigue.
Qu’ils viennent s’écrouler entre deux bras tendus.

Qu’ils ne soient pas jugé comme un pauvre commis
À qui Dieu redemande un compte capital.
Qu’ils ne soient pas taxés comme un peuple soumis
À qui César demande un règlement total.

Qu’ils soient réhonorés comme de nobles fils.
Qu’ils soient réinstallés dans la noble maison.
Et dans les champs de blés et les champs de maïs.
Et qu’ils soient replacés dans la droite raison.