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ÈVE


Les pas de Darius avaient marché pour lui.
C’est lui qu’on attendait au fin fond de la Perse.
C’est lui qu’on attendait dans une âme disperse.
Il était le seigneur d’hier et d’aujourd’hui.

Et l’Asie et l’Europe avaient marché pour lui.
Il était le seigneur de l’un et l’autre bord.
Il était le preneur de l’un et l’autre fort
Et seul Poliorcète hier et aujourd’hui.

Les pas de la phalange avaient marché pour lui,
Du fin fond de la Thrace aux portes de la Chine.
Pour lui les vieux sapins avaient courbé l’échine.
Pour lui les vents d’hiver et d’automne avaient fui.

Et les pas de César avaient marché pour lui,
Du fin fond de la Gaule aux rives de Memphis.
Tout homme aboutissait aux pieds du divin fils.
Et il était venu comme un voleur de nuit.

Et les pas d’Alexandre avaient marché pour lui
Du palais paternel aux rives de l’Euphrate.
Et le dernier soleil pour lui seul avait lui
Sur la mort d’Aristote et la mort de Socrate.