Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/67

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sation du pays : par leur mauvaise et maladroite philanthropie chrétienne, ils réveillent l’anticléricalisme ouvrier, ou font passer des ouvriers catholiques aux organisations révolutionnaires ; par leur minimisme religieux, ils désagrègent les masses catholiques qui suivent leurs directions intellectuelles, et ils les livrent sans défense à leurs adversaires ; par leur admiration de l’étranger et leur patriotisme conditionnel, ils entravent les formations nouvelles du vrai patriotisme.

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Il est incontestable que ces différentes bourgeoisies (dans lesquelles il a paru inutile de présenter séparément la bourgeoisie protestante, car ses caractères sont empruntés à la bourgeoisie juive et à la seconde bourgeoisie judaïsante) ont justifié, par leur action politique et économique et leurs mœurs, les critiques qui leur ont été adressées au cours du siècle dernier par les écrivains catholiques sérieux et par les socialistes. On conçoit aisément que des écrivains romantiques, en exagérant leurs laideurs, les aient profondément méprisées. Nous ne voulons pas rechercher (car ce serait empiéter sur la tâche du moraliste) si elles sont vraiment méprisables. Mais, à les considérer du point de vue national, nous devons dire qu’elles ont manqué à leur fonction. Non point totalement, car elles ont conservé et augmenté le matériel et l’or de la civilisation européenne. Mais elles ont terriblement entamé les réserves morales et vitales de la nation française.

Toutes ces classes, fondues apparemment en une seule par le régime capitaliste, ont imposé aux classes ouvrières un régime économique et social qu’elles ne pouvaient supporter. La bourgeoisie juive et la bour-