Page:Cahiers du Cercle Proudhon, cahier 5-6, 1912.djvu/68

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geoisie judaïsante ont exploité, surexploité, appauvri, perverti et démocratisé les ouvriers français ; la bourgeoisie cléricale les a maintenus dans une dépendance intellectuelle et matérielle qui ne leur permettait pas de se forger eux-mêmes les instruments de leur défense. Dans le régime industriel que ces bourgeoisies, unies parfois, plus souvent agissant séparément, mais parallèlement, ont imposé au peuple français, les classes ouvrières ont vécu pendant plus d’un siècle dans un état de désorganisation extrême. L’association ouvrière avait disparu. La famille ouvrière elle-même a été presque dissoute. Les classes ouvrières n’ont plus formé que des masses chaotiques, ne possédant aucune formation de résistance contre l’exploitation capitaliste, et dont les souffrances ne pouvaient trouver d’expression que dans des mouvements de sentiment, par quoi elles étaient livrées aux démagogues et aux politiciens. Enfin, le relâchement des mœurs bourgeoises entraînait un relâchement des mœurs ouvrières par quoi le monde ouvrier, comme le monde bourgeois, s’ouvrait à l’anarchisme. Par-dessus tout, toutes les valeurs de la culture, qui maintiennent, dans une nation, les mœurs et, en somme, tout l’appareil social, étaient abandonnées, rejetées par une société qui, dans la bourgeoisie, ne commandait plus que la recherche de l’or et de la jouissance, et, dans les classes ouvrières, les aboutissements utopiques de l’esprit de révolte.

Mais répétons que les causes essentielles de cette désorganisation générale de la bourgeoisie française sont purement politiques. Et il serait vain de prier les bourgeois de s’amender pour conjurer les petits qui menacent la nation et qui les menacent eux-mêmes ; il serait vain de les menacer directement si l’on ne les invitait en même temps à sortir des conditions poli-