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VIE DE MÉLANIE

Je me rappelle que chaque fois qu’elle me portait à des fêtes, à des comédies, aussitôt que je voyais la foule, je pleurais et me cachais la figure sur ses épaules tout en continuant de pleurer très fort, de sorte que j’empêchais les assistants d’entendre ce qui se disait et ma mère devait me porter dehors[1]. Quelle grande patience elle a eue avec moi qui ne lui donnais que des ennuis ! Arrivée à la maison, elle me demandait pourquoi je pleurais ; je lui répondais brièvement que j’avais peur et que je préférais rester ici avec le crucifix de mon père. À cela elle me grondait, me demandant si moi aussi je voulais être bigote comme ma tante (sœur de mon père). Je ne lui répondais pas et je ne me corrigeais pas non plus. Elle se plaignait avec les voisines de mon caractère. Celles-ci lui conseillèrent de me conduire souvent dans les assemblées pour m’habituer à voir le monde et à parler. Ainsi fut fait, mais mon naturel sauvage résista à toutes les tentatives. Je ne parlais qu’avec mon père ; quand il me disait que c’étaient nos péchés qui avaient fait mourir Notre-Seigneur Jésus-Christ, je lui disais : « Oh !… jamais je ne

  1. Ces lignes ont été écrites par Mélanie en très gros caractères.