Page:Carlyle - Les Héros, trad. Izoulet-Loubatières, 1888.djvu/60

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8 CONFÉRENCE I.

mais le charlatanisme ne fut jamais l'influence originelle en de telles choses ; il ne fut pas la santé et la vie de telles choses, mais leur maladie, le sûr précurseur de leur imminente mort ! N'oublions jamais ceci. Elle me semble fort lugubre, cette hypothèse du charlatanisme donnant naissance à une foi même chez des hommes sauvages. Le charlatanisme ne donne naissance à rien ; donne mort à tout. Nous ne pénétrerons pas le vrai cœur d'une chose quelconque, si nous regardons purement à ses charlatanismes, si nous ne rejetons pas les charlatanismes tout à fait, comme pures maladies, corruptions, avec lesquelles notre seul devoir et le seul devoir de tous les hommes est d'en finir, qu'il faut balayer de nos pensées comme de notre pratique. L'homme partout est l’ennemi-né des mensonges. Je trouve que le Grand Lamisme1 lui-même a une sorte de vérité en lui. Lisez, de M. Turner, le candide, clairvoyant, assez sceptique Récit de son Ambassade dans ce pays, et voyez. Ils ont leur croyance, ces pauvres gens du Thibet, à savoir que la Providence fait toujours descendre ici-bas une Incarnation d'Elle-même dans chaque génération. Au fond quelque croyance en une sorte de Pape ! Au fond encore mieux, croyance qu'il y a un Très Grand Homme ; qu'il est découvrable ; que, une fois découvert, nous devons le traiter avec une obéissance qui ne connaît pas de bornes ! Telle est la vérité du Grand Lamisme ; la « découvrabilité2 » est la seule erreur


1. Religion du Grand Lama.
2. « Discoverability », entre guillemets dans le texte. V. p. 36, 153, 378 (notes).