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Dans le courant de l’été 1916, les allemands nous avaient enlevé, en pature, un des six chevaux affectés aux transports du ravitaillement. Ils nous avaient mis à la place un cheval aveugle. Ce cheval provenait de l’écurie d’Eugène Sauvage, il était excellent de service.

Apres le départ des évacués, le commandant me dit : « Vous n’avez plus besoin d’autant de chevaux. Vous devez faire moins de transport. » Je proteste : « Ces six chevaux ⁁nous sont concédés pour la durée de l’invasion. » Il me réponds que je dois être bien géné pour le nourrir ; (cette gène allait devenir bien réelle) il me donne l’ordre de les conduire à la ferme de Milon. Il met à ma disposition une écurie qu’il fera fermer à clef chaque soir ; et il pourvoiera à la subsistance de ces chevaux. Malgré mes protestations, je dois les livrer.