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Page:Carraud - Les métamorphoses d’une goutte d’eau, 1865.pdf/32

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MÉTAMORPHOSES D’UNE GOUTTE D’EAU.

enfin sous un amas de pierres le pauvre vieillard que l’on crut mort ; il n’était qu’évanoui, et le grand air l’eut bientôt rappelé à la vie. On fut tout émerveillé de le trouver sans aucune blessure. Le hasard avait disposé les pierres en voûte au-dessus de lui, et il avait été ainsi préservé de tout mal.

L’on ouvrit les vannes du canal pour le vider entièrement, afin d’en retirer plus facilement les matériaux qui l’encombraient, et je quittai ces lieux, bien joyeuse d’être rendue à mes pérégrinations.

Après avoir été retenue quelques instants dans une écluse, pendant le passage d’un grand bateau chargé d’eau-de-vie, j’arrivai à Rochefort. Je longeai l’arsenal, livrée à de pénibles réflexions sur la nécessité d’y retenir la triste population que j’y voyais aller et venir, traînant sa chaîne après soi. Au milieu de débris amoncelés dans un coin, j’aperçus, presque à fleur d’eau, deux yeux brillants que je ne m’attendais guère à trouver là. Je m’arrêtai sur les choses sans nom qui cachaient si bien le malheureux enfoui dans cette vase infecte, espérant apprendre ce qui pouvait le retenir dans un tel lieu. Le soir, un forçat vint apporter quelques misérables aliments à son pauvre camarade blotti dans cette introuvable cachette pour se soustraire aux recherches dont il était l’objet. Il attendit là pendant quatre jours que l’alerte cau-