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SIXIÈME PARTIE

rait se défendre contre l’eau et l’humidité, il n’est bon ni sur mur ni sur brique dans les églises. Sa place est sur panneau, sur fer et dans tous travaux qui doivent être recouverts par le vernis.

Ces deux espèces de mordants te suffisent.

CLIV.Du vernis.

Il me semble avoir tout dit sur les manières de colorer sur mur, à fresque et à sec, sur tableau. Nous aurons à suppléer ce qui manque sur la manière de colorer, de dorer et de faire des miniatures sur papier. Mais d’abord je veux que nous voyions le moyen de vernir les tableaux ou quelque autre travail que ce soit, pourvu que ce ne soit pas sur mur.

CLV.Du temps et de la manière de vernir les tableaux.

Sache que le plus beau et meilleur vernis qui soit est celui qui attend pour être placé le plus longtemps après que la peinture a été faite ; et je tiens pour dit qu’en attendant plusieurs années ou pour le moins une, ton travail en ressortira plus frais. La raison en est que les couleurs sont comme l’or qui ne veut pas d’autre alliage, et par ainsi les couleurs une fois ensemble avec leurs tempère repoussent un nouveau mélange.

Le vernis[1] est une liqueur forte, démonstrative,

  1. Il est vraiment déplorable que Cennino ait gardé le silence sur la nature de ce vernis. Cependant ce chapitre enlève tous les doutes, à savoir si les peintures à tempera étaient vernies ou non. Le comte Cicognara fut bien avisé quand il dit que les peintures à tempera des vieux maîtres étaient travaillées de différentes façons et recouvertes de vernis. Armenino décrit différents vernis, « dont le plus ancien, dit-il, était fait de l’huile de sapin et de pierre. » Il était étendu a la main sur les panneaux qui avaient été séchés au soleil, comme Cennino nous le démontre. Ce vernis, dit Armenino, était très-léger et transparent. (Cav. Tambroni.)