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de-vie, pour laquelle il avait imaginé ou imité les procédés les plus perfectionnés. Enfin, il se consacrait à des expériences sur le sucre de betterave, qui sont un de ses principaux titres de gloire.

La guerre avec l’Angleterre rendait presque impossible l’importation des denrées coloniales, et le sucre de canne atteignait des prix fantastiques[1]. Encore une fois les savants furent mis à contribution. Il s’agissait de tirer du sol français le moyen de se passer du sucre des colonies. C’est alors qu’on étudia le procédé de Margraff et d’Achard, chimistes prussiens, dont le premier, dès 1747, découvrait dans la betterave une substance saccharine, et le second avait, en 1799, présenté quelques pains de sucre à Frédéric-Guillaume III[2]. En 1800, Achard avait publié ses procédés dans une Instruction sur la préparation du sucre brut, du sirop et de l’eau-de-vie de betteraves. Ce document appela l’attention de l’Institut, qui se fit faire un rapport très détaillé sur la nouvelle industrie. Mais les procédés d’Achard étaient encore imparfaits ; on n’était pas parvenu à fabriquer un produit dont le prix fut accessible à toute la population. Aussi se mit-on à chercher tour à tour le sucre dans toutes les plantes cultivées en France, et le gouvernement

  1. Jusqu’à douze francs le kilogramme pendant le blocus continental.
  2. Voir l’ouvrage de Kaufmann, Die Zucker-Industrie. Berlin, 1878.