Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Anglais. Cet homme qui, de mauvais barbouilleur d’enseignes à Paris, était parvenu au généralat, sans talents comme sans services, et conséquemment par l’intrigue des clubs, pria le jeune Bonaparte de visiter avec lui les batteries de siège qu’il venait d’établir ; ils montent à cheval, font plus d’une lieue de chemin, et arrivent à un énorme tas de fumier dont le vieux général avait fait la plate-forme de sa batterie sur laquelle il avait disposé quelques mauvais canons. Bonaparte, n’apercevant aucun boulet, lui demanda où il les gardait en réserve. Carteaux lui répondit que, comme son intention était de brûler la flotte anglaise, il les tenait dans les maisons des paysans, empilés aux coins de la cheminée de la cuisine et gardés par des grenadiers pour les faire rougir au plus vite et les porter eux-mêmes aux pièces avec des mordaches qu’il avait fait faire exprès. À chaque question du jeune officier, le vieux général répondit qu’« il avait tout prévu, qu’il avait placé ses canons sur du fumier pour éviter l’incendie, très commun, des