Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/305

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une seule fois vanter le talent militaire de Wellington au moment de sa retraite sur Lisbonne, qu’il exécutait devant Masséna ; ce général dévastait tout sur sa route ; il détruisait les moulins, brûlait les subsistances et emmenait avec lui les populations et les bestiaux. « Voilà un homme, disait l’Empereur ; il est forcé de fuir devant une armée contre laquelle il n’ose pas se mesurer, mais il établit un désert de quatre-vingts lieues entre l’ennemi et lui ; il retarde sa marche ; il l’affaiblit par des privations de tout genre ; il sait la ruiner sans la combattre. Il n’y a que Wellington et moi, en Europe, capables d’exécuter ces mesures. Mais il y a cette différence entre lui et moi, c’est que cette France, qu’on appelle une nation, me blâmerait, tandis que l’Angleterre l’approuvera. Je n’ai jamais été libre qu’en Égypte. Aussi m’y suis-je permis des mesures pareilles. On a beaucoup parlé de l’incendie du Palatinat, et nos misérables historiens calomnient encore à ce sujet Louis XIV. La gloire de ce fait n’appartient point à ce roi.